L'évangéllisation 1 les deux portes

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Texte

L'Évangélisation (1)

Les deux portes

(message donné en 1996, à Carnières, Belgique)

Il nous a semblé bon de repenser l'évangélisation laquelle, très souvent, est à bout de souffle. Nous n'y croyons plus. Nous baissons les bras et nous nous disons :

" La conjoncture étant ce qu'elle est, peut-être vaudrait-il mieux que nous vivions une vie d'Église, tout simplement, en essayant de rendre témoignage, et puis on arrête là ! " Alors que nous devrions nous multiplier, exploser littéralement ! Je ne voudrais pas vous parler en théoricien, mais, en introduction, vous entretenir d'expériences vécues personnellement à Paris et qui ont débouché sur la création, à l’heure actuelle, de la onzième église en vingt-neuf ans. Je crois qu'il est tout à fait important que nous redécouvrions l'évangélisation, laquelle, réellement, garde à l'Église son teint frais (c'est bien vrai que les Églises ont perdu leur teint frais), mais pas seulement à l’Église mais aussi au chrétien lui-même.

Nous présentons ce sujet à partir de ce que nous avons pu vivre, mais ce n'est pas une expérience-pilote à imiter, pas du tout : il importe d'adapter nos efforts à nos contextes urbains respectifs.

Actes 12. 

C'est à partir de ces textes que tout a commencé de jaillir dans notre douzième arrondissement à Paris. Le Seigneur m'a fait la grâce de pouvoir créer trois Églises en six ans, une tous les deux ans, donc, à partir du réveil que nous avons pu expérimenter dès lors que nous avons refusé tout esprit de défaite et demandé au Seigneur de nous animer réellement d'un esprit de conquête. Après avoir transmis cette vision à la jeune Église, tout a suivi sur cette lancée de façon telle qu'après moi, les essaimages ont abouti à cette onzième-là, Dieu voulant !

Lisons ces textes d'Actes 12 /1 à 17 et le Psaume 107 /10 à 16.

Je disais que, d'une manière générale, l'évangélisation est en perte de vitesse et s'essouffle un peu partout, en France autant qu'en Belgique ou en Suisse.

J'ai eu à cœur de faire passer cette vision en région parisienne au niveau du département afin que le champ de mission dans lequel j'habite puisse être atteint à son tour, alors que je cours vers les extrémités de la terre… J'ai dit un jour au Seigneur : " Tu me conduis jusque là-bas alors qu'à ma porte se trouve un champ de mission formidable ! " Et nous avons commencé ensemble des efforts d'évangélisation communs à quatorze églises et je dois dire que nous en avons été très encouragés et en mesure de vérifier que, lorsque l'on veut être réellement sérieux dans l'évangélisation, ça marche !

C'est parce qu'on a baissé les bras ! Moi-même je les avais baissés, ces bras-là ! Imaginez que j'avais longtemps été partie prenante d’une assemblée à Paris, aux Gobelins, où nous n’étions témoins que de cinq ou six conversions seulement par an et il s’en trouvait pour nous dire : "Ce n'est pas mal… " ! Moi, cela ne pouvait pas me satisfaire. Après plusieurs années de ministère dans cette Église, j'avais déclaré au Seigneur : " Je voudrais vivre quelque chose des Actes des Apôtres ! Tu es le même ! Et ce que Tu as fait du temps des Actes des Apôtres, Tu peux le faire en région parisienne où vivent des centaines de milliers d'habitants ! " J’avais alors quitté dans l'harmonie l'assemblée des Gobelins pour le quartier de Nation où n’existait aucun témoignage évangélique. Et là nous avions travaillé pendant un certain temps (onze mois environ) sans rien voir et j'en avais été découragé au point que je pensais avoir eu tort de quitter l'assemblée précédente : j'avais l'impression de prêcher dans le désert et personne ne voulait répondre ! On trouve toujours que notre secteur est le plus difficile. C'est toujours comme cela, cependant ce n'est pas vrai.

Alors que j'en étais à m’interroger sur le projet de continuer ou non dans ce secteur, le Seigneur m'avait rappelé le message d'un frère d'Alsace à propos d’Actes 12. Que voyons-nous dans ce passage ?

Un homme en prison dans les chaînes : Pierre. A vues humaines, perdu derrière une porte de fer. Il est vrai que Pierre était enfermé dans cette prison en raison de sa foi et de son témoignage. Mais il est vrai également que si le Seigneur nous accordait la possibilité de nous représenter la situation des perdus, nous les verrions comme ce Pierre en prison. Et voilà pourquoi j'ai eu à cœur de lire les versets du Psaume. En révolte contre le Très-Haut, ces hommes et ces femmes s'étaient retrouvés dans les ténèbres et l'ombre de la mort, dans les chaînes, derrière des verrous de fer, des portes d'airain : telle est la situation des perdus. Et j'avais découvert que précisément, si ça ne bougeait pas dans nos Églises… nous avions bien une doctrine de la perdition des hommes lorsqu'ils sont sans Christ, mais est-ce une vision ? Est-ce une urgence dans le cœur du croyant ? Est-ce un fardeau ?

Je crois que toute la question est là. Le Seigneur, Lui, devant des foules sans Berger, a été ému de compassion, Il a pleuré sur les perdus. L'apôtre Paul a pleuré sur les perdus. Nous avons une doctrine, nous y sommes attachés, cela fait peut-être de nous de bons évangéliques, mais cela ne suffit pas. Je le disais dernièrement : vous croyez qu'un homme, une femme sont perdus sans Christ et vous en restez là… Cela ne fait bouger personne. Mais si, tout à coup, cette doctrine se transformait en fardeau ? En cauchemar ? Alors vous vous mettriez à bouger. La plupart du temps, on ne bouge pas, c'est parce que l'on n'en est pas encore arrivé à ce point. Et j'avais découvert que je n'avais jamais eu cette vision des perdus, enchaînés à leur péché, derrière leurs barreaux : les barreaux de leur prison, de leurs passions… Ce n’est pas de moi-même que j'avais eu cette vision, car j'avais demandé au Seigneur : " Donne-moi une telle vision ! " et Il m’avait répondu : " Mais pour que tu puisses l'avoir, toi qui disposes de la doctrine, il te faudrait maintenant aller vers ceux-là et toucher de près leurs chaînes, toucher de près leurs souffrances, vivre au milieu d'eux, parce que tu es trop souvent dans ta bulle ! " Quelle bulle ? L’assemblée !.. Ceci n'est pas une incitation à laisser tomber l'assemblée, mais il faut admettre que l’on vit dans une bulle, on peine à voir ce qui se passe au-dehors, j'allais dire, c'est presque un " métro-boulot-dodo " auquel on ajoute la fameuse bulle…

Ce n'est pas cela du tout que le Seigneur voudrait pour nous, certainement pas.

Une première question, incontournable : face à la perdition de ceux qui sont là, qui nous côtoient et que nous cotoyons, que nous rencontrons, avec lesquels nous travaillons (collègues de travail, patron ou employés)… comment agissons-nous ?

Quand je pense à cette pêche miraculeuse ! Les disciples ont passé toute la nuit sans rien prendre. Dans l'exercice de leur profession, ils sont rentrés bredouilles, attendus puis rencontrés par le Seigneur avec de ces visages ! Et cela pouvait se comprendre. Alors le Seigneur avait demandé à Pierre de lui passer sa barque. Pour quoi faire ? D'abord pour un témoignage pour l'Évangile : ça c'est remarquable ! Puis ensuite, une fois passés au service de Christ, les disciples pouvaient aller désormais en pleine eau. Mais quelle bénédiction ! Là, il y a eu une pêche extraordinaire !

A ce niveau aussi, il est vrai que nous sommes très accaparés par nos professions ; parfois je parle à des hommes d'affaires et ils me demandent :

" Comment voulez-vous que nous trouvions du temps ? " Dans notre Église, nous avons des hommes d'affaires : ils prennent l'avion tous les matins, se rendent dans toutes les villes de France, rentrent le soir chez eux et sitôt à l'aéroport, sautent dans un taxi ou récupèrent leur voiture et arrivent ensuite à l'assemblée pour la réunion de prière afin d’encadrer tout le monde. Autrement, nous n'aurions jamais pu voir ce que nous avons vécu, impossible ! Alors à ce compte-là, beaucoup pensent : " Eh bien, payons donc des évangélistes, c'est leur travail ! " Certainement pas, surtout ne laissez pas ce privilège de l'Évangile aux professionnels de l'Évangile, aux spécialistes, surtout pas ! Ceci nous regarde tous, et nous savons que l’ultime message laissé par le Seigneur à Ses disciples avant de quitter cette terre pour retrouver Son ciel de gloire : "Allez, faites de toutes les nations des disciples ! " (fin de l'évangile de Matthieu)

Donc, pour ce qui vous concerne, faites des disciples de tous les habitants de Carnières : ces paroles sont destinées à chacun d'entre vous.

Il s’agit des dernières paroles du Seigneur et nous savons quel poids peuvent revêtir les paroles d'une personne qui part ou bien meurt. Elles ont en général beaucoup plus de poids que celles formulées en d'autres circonstances. Alors que faisons-nous justement de ces dernières paroles du Seigneur ? Un homme en prison, dans les chaînes… et c'est parce que le Seigneur nous a vus dans des situations semblables qu'un jour Il a quitté son confort spirituel, son ciel de gloire, son trône, dans le but de venir jusqu'à nous. Et ce qui l'avait poussé à venir jusqu'à nous - notre perdition, nos chaînes, l'enfer - est aussi ce qui a fait agir des hommes et des femmes de Dieu, bien davantage qu'une doctrine. Et Dieu voudrait que nous puissions avoir ce type de fardeau pour nous mettre en mouvement. La Bible parle du péché comme d'un impérialisme, puisqu’elle déclare : Tous sont sous l'empire du péché.

Elle parle aussi de Satan et de son règne comme d'un totalitarisme sur les hommes et sur les femmes. C'est Jésus qui l'a affirmé : Vous avez pour père le diable.

Et voilà qui justement faisait vibrer le Seigneur. Les perdus nous font-ils vibrer ?

A l’Église des Gobelins, je me souviens de cette première fois où le Seigneur m'a secoué avec un événement terrible : c'est lorsqu’on était venu me prévenir en pleine réunion de jeunes : " Edmond (un de ceux avec lequel nous étions en contact) vient de se jeter par la fenêtre de son studio et s'est écrasé plusieurs étages plus bas ! Il est mort ! " J'en étais bouleversé… Quelqu'un de réel que nous visitions, que nous cherchions à conduire au Seigneur ! C'était la première fois que j'ai commencé de pleurer sur les perdus. Et pas dans la sensiblerie, mais réellement dans le cœur qui souffre parce qu'on se pose des questions fondamentales.

Si vous saviez les détresses silencieuses, les souffrances secrètes éprouvées par la multitude autour de nous un peu partout, je suis sûr que nous bougerions ! Et voyez-vous c'est ce qu'il faut découvrir pour découvrir la perdition des hommes, des femmes, tels que Dieu, Lui, les voit, tel que Dieu, Lui, les connaît.

Alors nous nous étions mis au travail, renouvelés par ces textes et ce message et plus nous avancions dans la connaissance des crises, des problèmes des hommes et des femmes de notre génération, plus nous étions découragés. Nous nous demandions : " Mais franchement, est-ce que nous pouvons quelque chose à tout cela ? " Nous avions été amenés à une redécouverte de l'Évangile parce que l'Évangile peut aussi devenir une doctrine et en rester là. Mais la Bible dit davantage à propos de l'Évangile : elle le présente comme une puissance de Dieu. Toute la question est de savoir si l'Évangile est une puissance de Dieu au milieu de nous, dans l'assemblée, dans l'Église, et si vraiment nous souhaitons voir cet Évangile au travail pour libérer les perdus, pour les sauver, les conduire au Seigneur. Une puissance, pas une doctrine ! Si vous tenez la perdition pour une doctrine, alors vous tenez aussi l'Évangile pour une doctrine. Et le dimanche, nous voici roucoulant, heureux d'être chrétiens ! Mais ce n'est pas du tout ce qu'il faut vivre (encore que, le dimanche et aux réunions, il faille véritablement s'attacher, s'engager parce que le Seigneur le veut), mais l'apôtre a parlé de l'Évangile comme d'une puissance.

Que j'aime ce texte de 1 Thessaloniciens 1/5 dans lequel est écrit : Notre Évangile vous ayant été prêché non seulement en paroles mais en puissance… Nous étions tous repris par ces mots. Où est la puissance de l'Évangile au milieu de nous pour faire tomber les chaînes des hommes, pour les attirer au pied de la croix ? Et l'apôtre Paul de dire aussi en 1 Corinthiens 2/4 : Ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance. Là, à genoux, j'avais déclaré au Seigneur : " Écoute, je Te demande pardon, je ne sais plus où j'en suis avec ces choses-là ! " Je m'étais frappé la poitrine parce qu’en fait la véritable difficulté ne se situait pas à propos de ces gens de l'extérieur (qui me paraissaient alors si difficiles à atteindre), le problème, c'était moi. Il fallait alors réexaminer cela avec les quelques personnes qui se trouvaient avec moi ; nous étions cinq pour commencer ce nouveau travail. Le royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance, est-il affirmé en 1 Corinthiens 4/20. Ce qui m'avait étonné c'est que l'apôtre avait pris conscience que l'Évangile était chez lui une puissance alors même qu'il était au travail.

Colossiens 1/29 : C'est à quoi je travaille, dit-il, avec Sa force qui agit puissamment en moi.

Éphésiens 3/20 : Or, à Celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons.

Il avait donc fallu se réapproprier l'Évangile pour qu’il ne reste pas à l’état de parole mais prenne réellement sa dimension de puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. Nous avions décidé une évangélisation " tous azimuts " mais aussi une redécouverte de la prière et de la réunion de prière. Permettez-moi de vous faire part des problèmes rencontrés car on en rencontre, des problèmes ! A l’origine, nous étions cinq, issus d'horizons évangéliques différents parce que, à la lumière des Actes des Apôtres, j'avais donc, afin de lancer l’œuvre, cherché un point d’ancrage (c'est ce que faisait l'apôtre, chez un couple par exemple Aquillas et Priscille, ou chez Jason à Thessalonique etc.) et quelques personnes susceptibles d’être intéressées, venues d'horizons évangéliques variés. Deux d’entre elles arrivaient de ma propre Église, d'autres de l'Armée du Salut ; chacune avait été formée à son école, dans son Église et ce n'est pas facile du tout de changer les choses quand on a reçu une certaine éducation. Le deuxième problème consistait à bien nous entendre tous les cinq pour mener dans le quartier une action d'évangélisation pouvant déboucher sur la fondation d’une Église.

Pourtant, lorsque deux d'entre nous se rencontraient, que faisaient-ils ? Ils parlaient du troisième ! Lorsque nous nous trouvions à trois ? Nous parlions du quatrième ! Dans quels termes, je vous laisse le deviner ! A quatre, il était question du cinquième et dès lors que nous étions tous ensemble, plus personne n'osait parler ! Il y avait quelque chose qui ne marchait pas, car ce n'est pas en bien que nous parlions les uns des autres. Un certain mardi soir, alors que nous étions en prière pour demander encore au Seigneur de sauver des âmes (en la matière, nous n'avions alors vu personne venir au Seigneur), là, Dieu nous avait fait comprendre que le problème, c’était notre langue ! Si vous saviez le problème que cela peut constituer dans un petit groupe ! Ne croyez pas que la langue commence à faire des ravages à partir de cinquante dans une église, non : c’est à partir de cinq !

Alors le Seigneur nous avait commandé : " Mettez vos affaires en ordre ! " 

Ce soir-là, nous nous étions réellement humiliés ensemble devant le Seigneur, nous nous étions demandé pardon avec cet engagement de ne plus médire, au contraire, afin de pouvoir guérir ! Au lieu de médire, priez les uns pour les autres. Lorsqu'on prie les uns pour les autres, on ne peut pas dire de mal. Au Seigneur, on ne peut pas dire du mal d'un tel dans l'assemblée, ce n'est pas possible… Les choses avaient commencé à changer. Nous avions fait, entre nous, et c'est important aussi, une alliance de sel, comme le dit la Bible. Une alliance comme celle conclue d’un même élan par David et Jonathan pour avancer ensemble.

La situation évoluant, au cours de cette même semaine, le Seigneur nous accordait la première âme, une jeune fille, Annie, qui s'était approchée de Lui. Quelle joie, quelle bénédiction ! Nous commencions à dire : " Voilà, ça vient ! Ça va ! " A notre engagement continu dans la prière répondait ainsi un autre engagement. Les réunions de prière, avouons-le, sont dans les Églises les réunions les moins fréquentées. Le culte, ah oui ! il y a davantage de monde, mais les réunions de prière… De plus, on sait comment elles vont se dérouler : un tel commence, un autre poursuit, on dit amen puis on rentre. Ce n'est pas cela une réunion de prière et comme c’est ainsi que tout se passe, les chrétiens ne viennent plus prier.

Un engagement dans la prière

Implorant le Seigneur d'intervenir conformément à la prière de l'Église primitive pour Pierre, nous Lui avions dit : " Seigneur aide-nous, parce que nous ne savons pas prier " : à cinq, les réunions de prière sont vite expédiées, nous n’avons plus d’idée de ce qu'il faut dire ! Tout le monde connaît cela. Ensemble, nous avions pris un engagement dans la prière, non seulement dans la prière personnelle pour les autres, mais dans la prière tous les mardis soirs : il fallait être là, sauf cas de force majeure. Évidemment, ce n'était pas une loi, il ne faut jamais marcher comme cela, mais nous voulions que les choses bougent et changent. Pourquoi cela ne change pas et ne bouge pas ? Parce que l'on ne vient pas prier ! Et que l’on n'a pas mesuré ce que représente une réunion de prière, avec sa puissance remarquable…

Pour Pierre, on n'avait cessé de prier. Sans rien en dire à l'Église qui priait sans relâche parce qu'elle avait pris un engagement pour Pierre, Dieu avait alors envoyé un ange, sans avertir personne.

Qu'avons-nous découvert là ? Que lorsque nous prions, et si c'est sérieux, le Seigneur agit, qu'Il nous le fasse savoir ou pas. Et dans ce cas particulier, Il n'avait rien dit à l'Église qui continuait à prier : " Seigneur, Seigneur ! Interviens ! " Et tout à coup, un ange dans la prison ! Les chaînes de fer tombent. Est-on conscient du pouvoir d’une réunion de prière ? Les chaînes tombent et si nous commencions à le constater dans l'Église, nous viendrions prier. Les portes de fer sont ébranlées par la Puissance de Dieu. Quand elle est prise au sérieux, la réunion de prière fait bouger le bras de Dieu et les portes de fer peuvent alors s’ouvrir. Bien sûr, s'il n'y a pas cette puissance qui s'en dégage, ces chaînes et ces portes de fer nous découragent. Mais si nous voulons réellement être engagés dans ces choses, c'est fantastique !

Dès lors, nous avons commencé à être les témoins d’une nouvelle conversion par semaine ! Chaque semaine, en effet, quelqu'un se donnait au Seigneur. Au bout d’un an, nous étions environ cinquante ! De deux ans, cent ! De trois ans, cent cinquante ! On ne tenait plus dans notre lieu ! La réunion de prière, quelle puissance ! Je veux croire qu'à partir de cet instant, nous allons prendre des engagements ! Dans quelqu’Église que nous nous trouvions, nous avons le devoir de nous rendre à la réunion de prière. Nous devons aussi prendre en compte la nécessité de dynamiser cette réunion de prière afin de ne pas nous figer dans des routines et des habitudes : il faut que ce soit réellement tonique.

Le Seigneur veut déjà mettre sur chacun de nos cœurs quatre grands fardeaux parce que parfois, on cherche les fardeaux, mais Il les place Lui-même :

" Priez pour tous les saints. " (Éphésiens 6/18)

" Pour tous les hommes. "(1 Timothée 2/1)

" Pour les autorités. " (1 Timothée 2/2)

" Pour que des ouvriers soient envoyés dans la moisson. " (Matthieu 9/37-38) 

Et puis il faut savoir prier pour que, parmi ceux qui vont se convertir, il s’en manifeste pour le service de Christ. Apprenons à demander au Seigneur beaucoup plus que des âmes sauvées : des serviteurs, des servantes qui vont, dans un premier temps évidemment servir dans l'assemblée et dans l'Église, mais qui vont par la suite grandir, s'épanouir, croître et aussi, peut-être, devenir, plus loin ou plus tard, des missionnaires !

Où sont ces réunions de prières ou ces campagnes d'évangélisation dans lesquelles, parmi ceux qui vont se tourner vers Dieu, nous souhaitons voir bien plus que des conversions : des hommes de Dieu, des femmes de Dieu, des serviteurs destinés à L'honorer.

J'ai été amené au Seigneur par Ralph Shallis ; il nous réunissait chez lui, nous lisait des versets du Nouveau Testament et nous, nous riions, il était si sympathique ! Nous nous sommes rencontrés sur un terrain de volley-ball. Le volley-ball c'était l'appât : vous ne m'auriez jamais fait entrer dans un lieu de réunion comme celui-ci. Je commençais à verser dans l'athéisme alors que j'étais en Terminale et à l'Université. Par conséquent, me rendre alors dans une réunion comme celle-ci, inenvisageable ! Ceux qui avaient organisé les réunions d'évangélisation pour attirer les jeunes avaient réfléchi : " Il faut que l'on fasse du sport, cela les intéresse ! " Il est nécessaire de chercher et aussi de trouver des appâts, et non pas se contenter de proposer des réunions d'évangélisation de type classique. C’est près de patinoires de la région parisienne que, par exemple, nous travaillons beaucoup et nous envisageons toutes les possibilités, comme un club de vélo dans le 15e arrondissement. Une église a lancé un club de vélo : tous vont à la campagne s'aérer et souffler un peu, l’un d’entre eux sort le Nouveau Testament, et donne quelques versets, ou, s’il pleut, tous restent dans les locaux de l'assemblée en astiquant leurs vélos, et là, des témoignages se produisent… Imaginons des façons d’attirer. Ainsi, c'est par l’intermédiaire du volley-ball que nous avons été conduits. Nous étions en cercle et puis Shallis, après avoir dit quelques mots à propos du petit livre qu'il sortait et que nous ne connaissions pas très bien, se mettait à déclarer : " Si vous le permettez, je vais prier. " Tous, nous gardions les yeux ouverts, nous n’étions ni convertis ni chrétiens… Alors Ralph commençait :

" Seigneur, bénis Marcel Tabailloux (alors Marcel éclatait de rire) et fais-en un homme de Dieu. " (Marcel écarquillait les yeux en se demandant si Ralph avait toute sa raison.) Puis Ralph passait à André Tabailloux, puis à un autre encore et arrivait à moi : " Bénis-le, Seigneur, fais-en un gagneur d'âmes. " Je pensais qu’il était complètement fou : ne savait-il pas que je me destinais à une carrière de haut fonctionnaire ? Il continuait son tour, et c'est lui qui avait raison, parce que tous ceux qui étaient en cercle autour de lui sont aujourd'hui devenus serviteurs de Dieu…

Au-delà des seules conversions, Ralph réclamait au Seigneur des hommes de Dieu, pour plus tard, bien entendu, et le Seigneur l'a exaucé. Mais c'est ça aussi la réunion de prière. On a perdu de vue tellement de choses ! La réunion de prière, c'est la réunion la plus importante de l'assemblée. Quand je dis cela, surtout dans des assemblées de type classique, on vient vers moi  : "Alain Choiquier, et le culte ? " Je n'enlève rien à l'importance du culte, mais c'est dans la mesure où nous avons prié en assemblée le mardi, le mercredi (je ne sais pas quand a lieu cette réunion), pas seulement pour le culte mais pour les réunions d'enfants, les réunions de jeunesse, les réunions de dames, les réunions de personnes âgées, pour toutes les activités, il y a tellement d'activités ! C'est dans la mesure où l’on s'est engagé à prier pour toutes ces choses à la réunion hebdomadaire de l'assemblée qu'on peut réellement voir le Seigneur à l'œuvre. On ne vient pas : comment voulez-vous alors que le Seigneur travaille ? On n'y croit pas et c'est bien là la preuve que l'on est entré dans une routine de vie d'Église et c'est de là qu'il faut sortir. Je ne voudrais heurter personne mais c'est la réalité, sinon on n’avancera pas, on continuera de vivre ce qu'on vit à l'heure qu'il est. Ah, la puissance d'une réunion de prière ! Voyez-vous, rien de mieux qu’une réunion de prière pour placer les chrétiens ensemble. Il peut se faire qu'il y ait des problèmes entre chrétiens mais lorsqu’ils prient ensemble, tout s’annule ! Et c'est parce qu'on ne prie pas ensemble qu'il y a des crises ! C'est fou ce que la prière peut souder les chrétiens et en même temps faire bouger le bras de Dieu ! Voilà donc ce par quoi nous étions passés : redécouvrir la prière, la réunion du mardi soir ! Quand j'ai quitté l'Église six ans après, deux autres Églises étaient issues de la nôtre car nous étions déjà trop nombreux (90 personnes à la réunion) : résultat d'une vision et d'un engagement.

Maintenant passons à l'action.

Nous parlions de l'action tous azimuts, comme par exemple par cette première porte les chaînes de Pierre et la porte de fer ont été bousculées. Il y avait eu une seconde porte, quelle porte ? Celle de la maison où se situait une des réunions de prière, où l'on ne cessait de prier pour Pierre. Pierre s'était placé entre deux portes, dans une rue, après avoir été délivré, et nous avions trouvé étranges ces mots du verset 10 : aussitôt dans la rue, l'ange le quitta. Il y avait quelque chose qui n'allait plus ! Pourquoi ? Parce que l'ange aurait été capable de le conduire jusqu'à la deuxième porte et d’enfoncer aussi cette deuxième porte, qui n'était pas une porte de prison puisque se tenait derrière une réunion de prière ! Eh bien non ! L'ange n'avait pas été envoyé vers cette deuxième porte : c'est important ! Cela peut faire problème, on s’interroge. Si l’ange avait été capable de bousculer cette porte de fer, ça ne représentait presque rien, cette porte de bois (on la suppose de bois, une porte de maison) ! Il est des portes que la prière enfonce, il en est d'autres contre lesquelles la prière ne peut rien du tout. Vous savez, l'Église aurait pu derrière cette seconde porte prier, prier ainsi : " Seigneur, sauve Pierre ! " Et Pierre aurait continué de taper, taper, taper… Il fallait bouger, mais on avait mis du temps à bouger ! Cela nous ressemble. Rhode, une servante, s’était dirigée vers la porte : " Qui est là ? - C'est moi, Pierre ! Ouvre, c'est moi, Pierre ! " Au lieu d'ouvrir, la voilà allant vers les autres : " Pierre est devant la porte ! - Tu es folle ! " Ils avaient pourtant prié pour lui… Je crois que le plus spirituel d'entre eux avait supposé : " C'est peut-être son ange ? " Mais on ne pouvait pas croire que Pierre pouvait être réellement derrière la porte, aussi aurait-on pu continuer de prier et dire : " Non, c'est quelqu'un qui passe, qui nous dérange, continuons de prier pour Pierre ! " Cela nous ressemble aussi : on prie pour que des âmes soient sauvées, mais lesquelles ? Et puis on ne veut pas bouger, on est là dans notre confort d'Église. Alors pour ne pas être trop torturés dans nos consciences de chrétiens, nous organisons une campagne annuelle, cela ne va pas non plus… De plus en plus, je déclare aux Églises qui m’invitent : " Si vous ne préparez rien, je ne peux pas venir ! " L'évangéliste n'est pas superman, si ce n'est pas préparé, zéro ! L'évangélisation, c'est votre affaire, pas la mienne, j'ai reçu quant à moi de la part de Dieu le don d'évangéliste pour vous aider à engranger la moisson, mais je ne suis pas là en tant que professionnel de l'Évangile dont on attend des miracles, ça, ça n'existe pas !

Alors il avait fallu réagir. Mais si vous saviez, que d'âmes comme Pierre se situent entre deux portes ! On ne bouge pas pour aller ouvrir nos portes à nous. En évangélisation, Dieu a Ses portes : ce sont les portes de fer qui peuvent être ébranlées par l'engagement dans la prière des Églises. Puis, il y a ces portes de bois que les anges ne touchent pas et contre lesquelles la prière reste impuissante.

Et ces portes de bois, elles nous reviennent.

Il faut savoir que, sur un plan personnel, vous avez votre porte de bois, j'ai la mienne, chacun a sa porte de bois et doit connaître Dieu, Son action, le symbole de Son action : les portes de fer pour la prière et les portes de bois pour l'action. Nous avons tant de peine à agir, bien malheureusement ! Je disais : que d'âmes entre deux portes ! On reste immobile. Vous savez que beaucoup de personnes pour lesquelles nous avons prié cherchent, ont besoin du Seigneur et se trouvent entre deux portes.

Un exemple : je me souviens de cet hindou venu plusieurs fois dans une salle de réunion, prenant place au dernier rang et partant dès la réunion terminée. On ne pouvait pas obtenir de contact avec lui, mais un jour, cet homme n'est pas parti ; il est venu vers moi et en me saluant :

" Je vous remercie, ici, je crois que j'ai réellement rencontré le Dieu de Georges.

- Le Dieu de Georges ? Ici on prêche le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ !

- Oui mais je vais vous raconter mon histoire. Je suis hindou. Je continue ici mes études de chirurgie commencées en Inde et je partageais auparavant ma chambre avec un chrétien anglais qui se mettait à genoux devant moi pour prier, cela me gênait et ce qui m'ennuyait le plus, c'est que ses prières se faisaient à voix haute. Il s'appelait Georges. Il a été atteint d'un cancer, il a fallu l'hospitaliser, je lui rendais régulièrement visite et j'étais présent dans ses derniers moments. Alors qu'il était alité, il m'avait confié : " Je sais que le Seigneur m'appelle, mais tu vois, je pleure parce que je ne t'ai pas vu venir à Lui, je prie pour toi ! "

L'hindou avait été bouleversé par cela et une fois à Paris, il s'était mis à rechercher partout un endroit où il pouvait encore entendre parler du Seigneur comme lui en parlait Georges. Et il m'avait raconté :

" Je suis allé à Notre-Dame dès mon arrivée à Paris et j'ai demandé à une sœur de m'expliquer, de me faire comprendre le Dieu de Georges. Elle m'a pris par la main et m'a mis devant une petite boîte avec une lumière rouge en me disant qu’Il était dans cette boîte. J'ai regardé cette boîte en m’exclamant : ce n'est pas possible, Georges me parlait d'un Dieu immense, d'un Dieu formidable, Il ne peut pas être dans cette boîte !

(Je l'écoutais, j'en avais des frissons…)

Alors que cet ami hindou passait dans l'avenue proche de notre assemblée, un jeune lui a tendu un traité. Il a pris ce traité puis il est rentré chez lui. En le lisant, il s’est exclamé :

" Tiens, on dirait qu'il parle comme Georges ! "

Ce jeune hindou se trouvait entre deux portes, il tapait et demandait. Voilà pourquoi il venait, écoutait, repartait jusqu'au moment où le Seigneur l'a saisi et l'a réellement sauvé.

Je pourrais multiplier les exemples tellement nous avons vécu de situations comparables !

Deux portes :

Une porte de fer, un engagement dans la prière.

Une porte de bois, un engagement dans l'action.

Sinon on ne verra rien, on ne verra pas les chaînes qui tombent, on ne verra pas les portes de bois s'ouvrir pour accueillir les perdus au milieu de nous.