L'accueil

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L'accueil

Lausanne (Suisse) 1er novembre 2002

Il nous est agréable d'être ensemble autour du Seigneur en même temps qu'autour de Sa Parole et plus précisément, autour de ce verset tellement important que l'apôtre Paul a pu adresser aux Romains 15/7 : Recevez-vous les uns les autres comme Christ vous a reçus. Ou bien encore : Accueillez-vous les uns les autres comme Christ vous a accueillis.

Il m'a été demandé de me présenter et j'ai complètement omis de le faire, je m'en excuse : je suis donc Alain Choiquier, évangéliste itinérant en pays d'expression française, à commencer par la France et bien évidemment puisqu'il s'agit de mon pays, mais encore en Suisse, en Belgique, au Québec, en Afrique, aux Antilles etc., partout où des invitations me sont lancées pour la prédication de l'Évangile.

Pour ce qui me concerne, l'étude de ce matin revêtira un caractère quelque peu théorique sur l'accueil, mais après moi, mon épouse entrera dans le concret des choses et ainsi, ensemble, nous serons le plus complets possible.

Nous parlions donc de ce thème : l'un des grands thèmes du Nouveau Testament est en effet celui de l'accueil.

Qu'est-ce que accueillir ?

Accueillir c'est ouvrir son cœur mais c'est aussi ouvrir sa tête. Il ne faut pas qu'il y ait, comme disent nos théologiens, dichotomie ou séparation entre la tête et le cœur. D’ailleurs lorsque nous sommes encouragés à aimer, déjà dans l'Ancien Testament (enseignement repris par le Seigneur Lui-même), nous sommes invités à aimer de tout notre cœur et de toute notre tête, de toute notre pensée ; la pensée est synonyme de tête, d'intelligence. Accueillir c'est donc ouvrir son cœur, sa tête, ses bras, sa maison. Mais le Seigneur nous dit : accueillir oui, mais pas n'importe comment. Un certain accueil se vit assez couramment entre les hommes, les femmes, ceux qui ne connaissent pas le Seigneur autour de nous. Mais le Seigneur attend de Ses enfants un autre accueil que celui-là. Accueillez-vous, certes, mais pas n'importe comment. Accueillez-vous comme Christ vous a accueillis.

De quelle manière le Seigneur nous a-t-Il accueillis ? En ne faisant acception de personne. Après plus de cinquante ans de marche chrétienne, et quarante années de ministère d'évangéliste, j'en suis encore à me demander comment il a pu se faire et comment il se fait encore, que le Seigneur ait pu m'accueillir. Quelle grâce !

Accueillez-vous de cette même façon. Le moins que nous puissions dire, c'est qu'en nous accueillant, le Seigneur n'a pas fait la fine bouche. S'Il avait dû faire la fine bouche avec Alain Choiquier, où en serais-je ? Mais Il nous a accueillis tels que nous étions et tous les jours Il nous accueille tels que nous sommes, ceci est vraiment extraordinaire ! Lui-même du temps de Son vivant sur la terre n'avait fait acception de personne, Il accueillait des gens bien comme des gens de mauvaise vie, des personnes bien portantes comme des malades, des personnes riches tout comme des pauvres, et le frère du Seigneur en la personne de Jacques a pu écrire : Si vous faites acception de personne, vous commettez un péché. (Jacques 2/9) Vous péchez ! Cette affaire est donc très sérieuse.

En Romains 14/1 : Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas sur les opinions. L'apôtre Paul nous demande d'accueillir celui qui est faible dans la foi. Qui est-il celui-là ? A cet égard il évoque le problème d'opinions divergentes pour que ces affaires ne nous séparent pas, ne nous divisent pas, ne nous dressent pas les uns contre les autres. Nous pouvons dire que le faible, ce peut être le pauvre, le pauvre en esprit, le pauvre sur un plan spirituel qui n'a pas encore saisi certaines choses et qui justement aurait besoin de grandir dans la connaissance de la Parole de Dieu, de la doctrine du Seigneur, nous nous devons de l'accueillir de tout notre cœur, de lui ouvrir vraiment nos bras de la part du Seigneur, précisément afin d'accueillir comme le Seigneur nous a accueillis. Le faible c'est aussi celui qui ne peut distinguer entre les jours, Il le précise. c'est aussi celui qui connaît des problèmes au sujet du manger et du boire.

Nous pouvons, je pense, sans réserve aucune, dire que pour commencer, le faible c'est l'enfant, surtout dans la conjoncture actuelle, dans notre contexte qui ne cesse d'agresser, qui ne cesse de blesser, et que d'enfants sont placés dans ces situations-là en raison d'un tel contexte… L'enfant est donc celui qui est faible. Celui qui peut être qualifié de faible a besoin d'être accueilli comme le Christ avait accueilli en Son temps, ceci nous étant rappelé dans les Évangiles. L'enfant peut être aussi celui qui est faible parce qu'issu de parents séparés, divorcés. Issu de familles éclatées : ceci se rencontre à l'heure qu'il est de plus en plus, un peu partout. Moi qui voyage énormément dans le monde et qui, il y a peu de temps encore, accomplissait deux fois par an le tour du monde pour l'Évangile, partout où j'ai l'occasion de me trouver, nous en sommes là. Que de situations tragiques, dramatiques ! Et ce sont les enfants qui, précisément, "trinquent" les premiers.

Le faible, c'est aussi la personne âgée que nous sommes appelés à honorer, à entourer, à accueillir ; en raison d'une mentalité issue de cœurs sans le Seigneur, de cœurs sans amour, ces personnes âgées deviennent des personnes marginales. Précédemment, la personne âgée était respectée, la Bible le demandant. Entourée, la personne âgée était celle qui savait et que l'on allait consulter. D'ailleurs la Bible enseigne que la sagesse se trouve dans les cheveux blancs, et pour ce qui me concerne, il est dommage que je ne réussisse pas à en avoir parce que mes cheveux tombent avant de blanchir… Mais enfin, la Bible est formelle, la sagesse est dans les cheveux blancs mais pour l'heure, nous ne voulons pas consulter les cheveux blancs sous prétexte qu'ils ne savent plus rien. Oui auparavant, ces personnes âgées étaient celles qui savaient, aujourd'hui non, en raison peut-être de l'accélération des connaissances, ou de tout ce que vous voulez. Eh bien non ! Le Seigneur demande de respecter les cheveux blancs et Il enseigne encore aujourd'hui que la sagesse se trouve précisément dans ces mêmes cheveux blancs. De par son âge, la personne âgée se trouve être fragilisée d'où la nécessité de l'accueillir réellement comme Christ nous a accueillis.

Il est bon dans le contexte actuel de rappeler des textes comme ceux de Lévitique 19/32 : Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard.

Il est aussi intéressant de constater que dans le grec qui est la langue du Nouveau Testament, il y a essentiellement trois verbes pour parler d'accueil et ces trois verbes sont ensemble d'une complémentarité voulue de Dieu.

Le premier verbe, "apodehomai", signifie : accueillir avec joie. Le mot joie n'est pas ajouté dans ce verbe mais contenu en lui ; toutes les fois où ce verbe est employé dans le Nouveau Testament, il signifie : accueillir avec joie.

En Luc 8/40 par exemple : A son retour, Jésus fut reçu par la foule car tous l'attendaient. Je trouve qu'il ne relève pas du hasard qu'il en soit ainsi. Le Seigneur a inspiré Sa Parole.

Pourquoi recevoir avec joie ? Parce que ça n'est pas toujours évident. Pour ceux qui ont un ministère d'accueil, il n'est pas évident d'accueillir toutes les fois avec joie, surtout quand tout à coup à l'improviste viennent sonner à la porte des visites inopportunes, inattendues, alors que nous avons énormément de travail !

Recevoir avec joie.

Le deuxième terme, "hupolambano", toujours en grec, veut dire recevoir avec cœur, non seulement avec joie mais avec cœur, avec empressement. 3 Jean 8 : Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin d'être ouvriers avec eux pour la vérité.

Recevoir avec cœur.

Le dernier verbe, "proslambano", a le sens d’accueillir avec fraternité, c'est le verbe qui devrait être vécu par excellence et de façon courante dans l'Assemblée entre frères et sœurs. C'est ce verbe-là de proslambano qui est employé par l'apôtre en Romains 15/7, ainsi rendu en français : Accueillez-vous les uns les autres comme Christ vous a accueillis. Très forte idée de fraternité dans ce troisième verbe.

Bien entendu, à la base de tout véritable accueil, il y a de manière incontournable cette règle d'or enseignée par le Christ Lui-même en Jean 13/34 : Aimez-vous les uns les autres comme Christ vous a aimés. En dehors de cela, il ne peut exister d'accueil véritable.

L'accueil doit donc se vivre, s'exercer sur cette toile de fond que constitue cette règle d'or : Aimez-vous les uns les autres comme Christ vous a aimés. C'est le fondement.

On ne peut s'accueillir les uns les autres comme Christ nous a accueillis.

On ne peut se pardonner les uns les autres comme Christ nous a pardonné.

On ne peut avoir soin les uns des autres comme le Christ a eu soin de nous et comme Il a toujours soin de nous.

On ne peut être bon les uns envers les autres comme le Christ ne cesse d'être bon avec nous.

On ne peut se supporter les uns les autres.

On ne peut s'édifier les uns les autres, c'est-à-dire travailler à nous bâtir une foi solide les uns les autres, si cela n'est sur cette toile de fond de Jean 13/34.

Dans le Nouveau Testament, le Christ s'exprime abondamment à partir d'expressions telles que :

Les uns les autres

Les uns des autres

Les uns aux autres

Les uns envers les autres

Les uns pour les autres…

Autant d'expressions qui nous parlent d'accueillir réellement.

L'accueil vrai et authentique peut aussi résoudre quantité de problèmes ou de crises à commencer par la solitude, fléau qui se vit de plus en plus malgré ces grandes foules autour de nous ; nous avons eu l'occasion de traverser Lausanne hier soir en rentrant, vous avez du monde à Lausanne, je ne sais pas si nous pouvons comparer à Paris. Vous savez que Paris est appelée en France la capitale de la solitude. C'est là, dans Paris que se compte le plus grand nombre de solitaires parce que la foule n'est pas forcément une compagnie. J'ai longtemps travaillé à Paris parmi la jeunesse et je me souviendrai toujours de cette réflexion d'un employé de poste qui m'avait confié ceci : " Quand à la fin de mon boulot le soir, je me retrouve dans mon studio en face de mon morceau de camembert et de mon verre de vin, j'ai comme une envie de me taper la tête contre les murs tellement je suis seul. " En plein Paris, la solitude ! L'accueil peut réellement résoudre ce problème, l'accueil évidemment exprimé et vécu par le chrétien, l'accueil vécu par l'Église, l'Assemblée et que d'enfants connaissent précisément ce mal cruel de la solitude pour le vivre souvent dans une détresse cachée, qu'ils n'expriment pas.

J'aimerais conclure en parlant de la puissance de l'accueil chrétien.

Le premier exemple est celui d'un adulte que nous avons eu pendant longtemps dans notre Assemblée de Paris, un Arabe, musulman de surcroît, qui avait été abordé un jour par un de nos jeunes tandis que nous faisions de l'évangélisation. Notre habitude était de lancer un grand coup de filet sur les avenues dans l'heure précédant la prédication de l'Évangile et ce passant avait été invité. Au tout début de l'œuvre, nous étions un cercle d'amis, et ce monsieur était entré pour voir ce qui se passait : il avait été accueilli par ce cercle d'amis chrétiens de façon tellement chaleureuse qu'il en avait été bouleversé. Auparavant, il n'avait jamais entendu parler de l'Évangile, un musulman connaissant le Coran sur le bout des doigts et pouvant vous le réciter sans problème. Toutes les fois où, après sa nouvelle naissance et sa conversion, il avait l'occasion de parler du Seigneur ou de rendre témoignage de sa conversion, il commençait avec ces mots : " Je ne me suis pas donné au Seigneur pour avoir entendu de belles prédications, de beaux discours, non. Je me suis tourné vers Lui en raison de cet accueil qui m'avait été réservé, tout à fait simple mais ô combien chaleureux, par ces amis. Quelle affection ! "

Cela m'avait remué. Son épouse, de la même origine, s'était ensuite donnée au Seigneur et bien après, ce frère est devenu ancien de notre Église. Un tel accueil dans un cercle d'amis ! Lui qui en tant qu’Arabe faisait très souvent l'objet de racisme, il n'en revenait pas d’être ainsi accueilli, d’être accueilli de cette façon-là !

Voilà pour l'exemple d'un adulte.

Puis cet exemple d'un enfant, un jeune enfant arrivé chez nous sans savoir sourire, ni jouer, dans son coin, le visage terne, fané. Quelque temps après, à force d'amour, à force d'accueil, à force d'affection, cet enfant avait été métamorphosé, changé, transformé.

L'amour, ne l'oublions pas, est une puissance de changement. Quelle joie pour celui qui vous parle toutes les fois où j'ai à prêcher sur ce thème ! L'amour est une puissance de métamorphose. Quelle puissance ! La Bible dit que l'amour est fort comme la mort, mais quelle puissance que la mort ! Mais l'amour s’inscrit dans le sens de la vie et non pas dans le sens de la mort. Il reste que la Bible insiste : l'amour est fort comme la mort. La mort, quelle force ! Imaginez le nombre d'hommes et de femmes, d'individus qu'elle a envoyés dans la poussière de la terre depuis le commencement ! Personne n'a pu lui résister en dehors de Christ sorti vivant du tombeau. Merveilleux ! Mais sinon, quelle puissance que la mort mais la Bible dit l'amour est fort comme la mort et si c'est amour-là était chez nous réellement irrésistible, nous vivrions autre chose.

N'oublions pas ce texte de base : Accueillons-nous les uns les autres comme Christ vous a accueillis.

Amen ! Gloire à Dieu.