Des pieds pour Christ

Série: Posséder son corps dans la sainteté

Groupe de messages d'évangélisation sur le thème de posséder son corps dans la sainteté, donnés à Béthoncourt (France) en 1984.

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Texte

Posséder son corps dans la sainteté (2)

Des pieds pour Christ.

Le 22 Août 1980 à Ste Croix (Suisse)

Aujourd’hui nous parlerons de pieds pour Christ. Quand nous parlons de pieds, nous pouvons parler de course, nous pouvons aussi parler de marche. Le sujet étant donc très vaste, nous n’allons pas traiter les thèmes du pèlerinage et de la course chrétienne mais nous en tenir uniquement à la marche chrétienne.

Première lettre de l’apôtre Pierre au chapitre 2, à partir du verset 19 :

C’est une grâce que de supporter des afflictions par motif de conscience envers Dieu, quand on souffre injustement. En effet, quelle gloire y a-t-il à supporter de mauvais traitements pour avoir commis des fautes ? Mais si vous supportez la souffrance lorsque vous faites ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu. Et c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces, Lui qui n’a point commis de péché, dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude ; Lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à Celui qui juge justement ; Lui qui a porté Lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts au péché, nous vivions pour la justice ; Lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. Car vous étiez comme des brebis errantes, Mais maintenant vous êtes retournés ver le pasteur et le gardien de vos âmes.

Nous tournons quelques pages pour lire un seul verset dans la première épître de l’apôtre Jean au chapitre 2 et au verset 6 :

Celui qui dit qu’il demeure en Christ doit marcher aussi comme Il a marché Lui-même.

Il est clair que nous sommes entrés dans ces temps que la Bible appelle : les temps difficiles. Et la nuit vient, cette nuit où personne ne pourra travailler, cette nuit dont nous parle Jésus et qui s’est déjà emparée de plusieurs régions du monde à l’heure qu’il est. Il semble que le processus soit à présent irrésistiblement engagé et dans ce monde qui rassemble toutes ses forces pour lutter contre Dieu, contre l’Église et contre le témoignage du Christ, il n’est plus facile du tout de marcher en chrétien et de vivre en chrétien. Et les forces que ce siècle libère aujourd’hui sont des forces énormes, des forces titanesques qui tentent de tout emporter dans leurs courants : aujourd’hui les forces de la tentation et les forces de la séduction sont gigantesques. Les courants politiques de plus en plus athées et matérialistes représentent un réel danger pour l’Église. Les courants religieux libéraux, issus pour la plupart de milieux chrétiens en déclin, ébranlent fortement la conscience chrétienne, d’où cette vague de déchristianisation sans précédent dans toute l’histoire du christianisme, entraînant un déclin de la foi qui nous fait froid dans le dos.

J’ai appris récemment qu’une seule union d’églises aux États-Unis, les Méthodistes de l’Union, ont perdu en une année, c’est énorme, 540.000 membres ! Heureusement qu’il s’agit des États-Unis, mais c’est tout de même tragique. J’ai aussi appris que l’Église catholique en Angleterre a perdu en une année 250.000 membres. Que l’Église d’Angleterre, qu’il est convenu d’appeler Church of England a perdu, elle, en vingt ans, un million de ses membres et a dû fermer ces derniers temps cinq cent lieux de culte. C’est vous dire que, sous la poussée formidable du matérialisme, la vague de déchristianisation nous crée bien des problèmes. Un vent de libération des mœurs et les forces de la corruption sexuelle nous font de plus en plus ressembler à Sodome et Gomorrhe. J’étais stupéfait d’apprendre par le journal l’Express que nous dénombrons en France, trois millions d’homosexuels et qu’ils présenteront leurs candidats aux prochaines élections législatives. C’est stupéfiant, littéralement stupéfiant ! Et j’ai su aussi dernièrement que dans la seule ville de Washington, aux États-Unis, parmi les enfants nés en 1976, 51 % étaient nés de mères célibataires et que dans cette seule ville de Washington, toujours en 1976, il a été enregistré plus d’avortements que de naissances d’enfants…

Un vent de violence souvent gratuite représente aujourd’hui un fléau social considérable, la violence est partout installée, elle s’est installée jusque dans la religion. J’ai été stupéfait là encore d’apprendre que dernièrement, au sortir d’une messe, à Paris au Sacré-Cœur, on s’est battu à coup de parapluies entre catholiques intégristes et catholiques libéraux. On s’est battu à coup de parapluies ! La violence s’est installée jusque dans la religion. La violence est partout, nous baignons littéralement dans un climat de violence, nos enfants aujourd’hui grandissent dans ce climat-là. Et nous savons que Dieu n’a pas laissé passé ce genre de chose. Nous nous souvenons de Noé, nous nous souvenons de Loth, de leur génération. Dieu a donc jugé sévèrement ce genre d’explosion sur la terre. Qu’il s’agisse d’explosion d’immoralité sexuelle ou explosion de violence (de toute façon, ces choses ont toujours fait bon ménage dans le passé), Dieu les a sévèrement jugées, et nous croyons que les jugements de Dieu ne sont pas loin sur cette génération qui plonge de plus en plus dans la violence et dans l’immoralité sexuelle. Les grandes crises économiques qui secouent notre monde aujourd’hui, perturbent certains programmes missionnaires, certaines actions d’évangélisation dans le monde. Par exemple, j’ai su aussi que l’Église presbytérienne du sud des États-Unis a dû réduire de 397 à 310 en un rien de temps le nombre de ses missionnaires, faute de fonds, et que le nombre des missionnaires de Grande-Bretagne a baissé de 25 % au cours de ces quatre dernières années : c’est énorme à un moment où le monde a plus que jamais besoin d’entendre l’Évangile ! Le nombre des missionnaires est en déclin.

Plusieurs pays sont tombés sous régimes totalitaires athées. Vous savez que ces pays-là, ces pays dominés par ce genre de régime sont de loin aujourd’hui les plus nombreux, ces pays où l’Évangile ne peut pas se prêcher librement, ils sont de loin les pays plus nombreux, et les pays où l’Évangile peut encore s’annoncer librement pourront bientôt se compter sur les doigts des deux mains.

La nuit vient où personne ne pourra travailler.

Dans son ouvrage " La tentation totalitaire ", le journaliste français et écrivain Jean-François Revel soutient que c'est l'insécurité grandissante qui fait que tant de pays aujourd'hui passent sous de tels régimes parce qu'une poigne de fer représente souvent, pour beaucoup, la vraie sécurité à l'heure qu'il est. Vous n'êtes sûrement pas non plus sans savoir que l'Albanie vient de se proclamer premier pays athée du monde, espérant que d'autres pays suivront. Tout récemment, j'ai su que l'Albanie oblige à changer de prénom tous ceux et celles qui dans le pays portent des prénoms chrétiens afin de gommer jusqu'aux dernières traces du christianisme dans ce pays. Ainsi, en Albanie, si vous vous appelez Pierre, Jean, David, Abraham, Samuel, le gouvernement vous oblige à changer de prénom.

J'ai su aussi que des leaders musulmans de quarante-quatre pays arabes se sont rencontrés en congrès à Karachi au Pakistan et qu'à l'issue de ce congrès, ces leaders musulmans ont demandé à leur gouvernement de chasser de leur pays tous les missionnaires chrétiens. J'apprends aussi que dans mon pays, la France, il vient de se créer une association dite "Union des Athées de France" qui regroupe à l'heure qu'il est quelque cinq mille personnes ; ce n'est pas beaucoup peut-être comparé aux cinquante millions que nous sommes, mais enfin quand on pense que l'on a de la peine à réunir cinq mille chrétiens quelque part, que lors d'Euro 70, nous n'avons pas pu remplir le Palais des sports à Versailles où nous avons difficilement atteint trois mille personnes, et déjà cet Albert Beaujon, président de cette Union des athées de France, a réuni cinq mille personnes sans compter les sympathisants, avec pour but avoué de lutter contre toutes les religions. Toutes les religions. Cette union a demandé à Radio France et à la Télévision française un temps d'antenne au même titre que les grandes religions de France, que le catholicisme, le protestantisme et l'islam. Je ne sais pas ce que fera le gouvernement français mais voici où nous en sommes.

Devant tout cela, nous pourrions trembler. Nous pourrions nous demander : mais dans quelque temps, nous sera-t-il encore possible de vivre chrétiennement sur cette terre, de rendre encore un témoignage au Christ ? Eh bien nous pouvons avoir cette assurance que si nous gardons la Parole de la persévérance en Christ, le Christ nous gardera à l'heure de la tentation qui vient. Qui vient peut-être plus vite qu'on le pense… Il nous gardera à l'heure de la tentation et nous avons aussi cette assurance que Celui qui est en nous est plus grand que celui qui est dans le monde. Gloire à Dieu pour cela !

Et pour tenir le coup dans de telles circonstances, dans une telle conjoncture, que faire ?

Une seule chose : attacher nos pas et nos pieds à ceux du Sauveur. Job déjà pouvait dire : Mon pied est attaché à Son pas, en sachant toutefois que la vie chrétienne n'est pas une affaire facile et que même lorsque nous avons nos pas attachés aux Siens, ce n'est pas facile du tout.

Dans les textes lus précédemment, l'apôtre Pierre nous apprend que nous avons vocation de souffrir : C'est à cela que vous avez été appelés. Nous avons vocation de souffrir, et le Christ Lui-même l'a enseigné déjà bien avant Pierre, en Luc chapitre 9 verset 23 : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. La marche chrétienne n'est donc pas une marche facile, ça n'est pas une marche aisée, ce n'est pas un chemin fait de pétales de roses et nous ne prêchons pas non plus un Évangile à l'eau de rose. J'ai même coutume de dire que je n'ai jamais autant souffert que depuis que je suis chrétien. Quant à moi qui vous parle, j'ai d'abord souffert quelques temps après ma conversion, ayant grandi dans une famille qui n'avait pas accepté ma foi, et pour le Christ, j'ai ensuite souffert dans ce monde de mille et une façons. Pour le Christ, j'ai été battu, j'ai été frappé, j'ai été roulé par terre, pour le Christ j'ai dû lutter souvent avec la faim, avec la soif… La vie chrétienne n'est pas chose facile. Je me souviens même, avoir passé une fois toute une semaine (heureusement, je n'étais pas marié à l'époque), avec une tranche à couper par jour dans un morceau de saucisson, et ce, à cause de Christ et du témoignage chrétien à rendre à mon Sauveur. La vie chrétienne n'est pas du tout une affaire facile, mais l'apôtre a dit : Il nous a été fait la grâce par rapport à Christ non seulement de croire en Lui mais de souffrir pour Lui. Et si dans notre marche chrétienne un jour, nous avions à rencontrer la persécution, nous savons que, même malgré la persécution (que j'ai personnellement déjà subie), nous restons joyeux dans le service pour Christ, nous restons vraiment dans la joie du Sauveur : quelque chose d'extraordinaire ! Nous avons donc vocation de souffrir à Sa suite nous qui avons pris les traces du Seigneur. Mais si nous avons vocation de souffrir, nous apprend l'apôtre, nous n'avons pas vocation à souffrir n'importe comment, mais à l'exemple du Christ, sur les traces du Christ. Ainsi l'apôtre nous montre-t-il que le Christ nous a laissé un exemple et des traces. Un exemple : le Sien, et des traces : les Siennes.

Je devine ce qui vous trotte dans la tête, vous avez envie de démissionner ! Moi aussi. Oui, nous avons envie de démissionner quand on nous présente un exemple à suivre. Du reste, un exemple est la pire des choses pour ces hommes et ces femmes que nous sommes, nous n'aimons pas que l'on nous propose un modèle à prendre, c'est décourageant et surtout quand il s'agit de celui du Christ, et puis des traces à suivre, surtout celles qu'Il nous a laissées et qui n'ont pas été n'importe quelles traces, jugez-en...

Il nous a laissé entre autre traces, celle de Son humilité. En d'autres termes, nous qui allons à Sa suite, nous devrions mettre nos pieds dans ces traces, dans cette trace d'humilité qu'Il nous a laissée. Oui : Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé Lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, Il s'est humilié Lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. Il nous a laissé pour première trace, la trace de Son humilité. Qui pourrait ici se faire fort de prendre cette trace ? Pourtant la Bible déclare en 1 Pierre 5/5 : Dans tous vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité. Lorsque Jésus S'est Lui-même humilié devant Ses disciples en leur lavant les pieds, Il leur a dit ceci : Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait (Jean 13/15). Il nous a donc bien laissé la trace de Son humilité, et Le suivre, c'est mettre ses pieds dans cette trace-là, à Sa suite.

Jésus nous invite en ces termes en Matthieu 11/29 et suivants : Je suis doux et humble de cœur, prenez mon joug sur vous. En d'autres termes, soyez humbles comme Je le suis.

Il nous a aussi laissé la trace de Son amour. La Bible dit : Marchez dans l'amour à l'exemple du Christ. Éphésiens 5/2 : Marchez dans l'amour à l'exemple du Christ, Lui qui a aimé en toutes circonstances et ne s'est jamais rencontré Lui-même, mais a constamment cherché à rencontrer l'homme qu'Il aimait de la part de Son Père.

Marchez dans l'amour à l'exemple du Christ. Aimez-vous les uns les autres comme Je vous ai aimés. Nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres, mais au niveau pratique car il ne faut pas que ces choses restent au niveau de mots, d'enseignements creux, vides. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il y aurait de quoi développer mais disons que Jésus nous a laissé la trace de Son amour. Dans ces temps difficiles, pour nous coller à Lui, pour marcher comme Il a marché, pour avoir des pieds pour Christ puisque tel est notre sujet aujourd'hui, il nous faut mettre nos pieds dans cette trace de Son amour.

Il nous a aussi laissé les traces de Sa patience.

Il a été patient, ô combien patient ! Patient à l'égard des siens, patient à l'égard des Juifs, patient à l'égard du clergé de l'époque, patient à l'égard des Romains et de Pilate. La patience a été chez Lui un des traits les plus sublimes de Son caractère lorsqu'Il était sur notre terre. Quand nous voulons chercher une définition de la patience, nous allons généralement vers notre dictionnaire et que trouvons-nous ? " Supporter avec résignation"… J'espère que dans l'Église nous ne nous supportons pas avec résignation ! La Bible, quant à elle, donne en Éphésiens 4/1 et 2 une autre signification de la patience : Je vous exhorte à marcher avec patience en vous supportant avec amour. Oui, être patient pour Dieu c'est supporter avec amour et non pas avec résignation ! Vous faites la différence entre ces deux définitions, celle du Larousse et celle de l'Écriture. Vous supportant avec amour… L'apôtre Paul avait été tellement impressionné par la patience du Christ qu'il a écrit aux Thessaloniciens dans sa deuxième lettre au chapitre 3 verset 5 : Que le Seigneur dirige vos cœurs vers l'amour de Dieu et vers la patience de Christ. La patience est une denrée rare, très rare, une vertu très rare dans ce monde où tout va vite, très vite, où nous voulons tout posséder vite, le plus vite possible. Pourtant la patience est marque d'amour. L'amour est patient, déclare l'apôtre en 1 Corinthiens 13. Le fruit de l'esprit qui est d'abord l'amour et ensuite, la patience. La patience comme expression de l'amour véritable. Si nous voulons comme, en quelque sorte, évaluer l'affection que nous pouvons porter à quelqu'un, essayons de voir jusqu'où nous pouvons être patient avec cette personne.

Oui ! la patience est une des multiples expressions de l'amour véritable. Nous sommes appelés à mettre nos pieds dans les traces de Sa patience pour marcher comme Il a marché. La Bible montre également que la patience est le signe d'une foi solide. Vous savez, ces fois fébriles qui sont impatientes ne sont généralement pas solides, mais celui qui, dans la patience, sait attendre la réalisation des promesses de Dieu à son égard, celui-là fait montre d'une foi solide. Oui la patience révèle une foi solide en même temps qu'un amour véritable. La Bible nous enjoint en Hébreux 6/12 : Imitez ceux qui par la foi et la patience héritent des promesses.

Puissions-nous être de ceux-là, des hommes et des femmes patients dans un monde impatient. Dans la Bible, les mots patient et doux sont souvent confondus. Celui qui est patient est généralement doux, celui qui est doux est généralement patient. Nous nous souvenons de Moïse comme d'un homme violent et impatient pour commencer : lorsqu'il a fui la Cour d'Égypte, il s'est présenté aux siens comme leur libérateur quelques quarante ans avant le temps, impatient qu'il était. Il avait eu, certainement, une révélation de Dieu selon laquelle Dieu l'enverrait vers Israël pour le faire sortir de la Cour d'Égypte. Il s'était donc présenté à son peuple comme libérateur et il n'avait pas compris que son peuple l'ait rejeté. Ceci l'avait conduit à tuer l'Égyptien pour cacher son corps dans le sable du désert. Quarante ans au désert ont fait de Moïse, homme impatient et violent, un homme doux, un homme patient, un homme de foi. Mais il avait fallu quarante ans, quarante ans d'école. La patience généralement ne tombe pas toute cuite ! La Bible nous indique, par la bouche de l'apôtre Jacques, que c'est l'épreuve qui produit la patience. Mais l'épreuve, nous n'aimons pas cela, elle nous rebute, elle nous révolte. Dieu n'a pourtant pas d'autre chemin que celui-là pour faire de nous des hommes patients en Christ.

Il nous a donc laissé les traces de Sa patience.

Il nous a laissé les traces de Son obéissance. Et plus nous avançons ainsi et plus nous avons envie de démissionner. Les traces de Son obéissance ? Oui ! La Bible dit que bien qu'Il fût Fils (Hébreux 5/8), Il dut apprendre l'obéissance par les choses qu'Il a souffertes. Et Il est pour nous un exemple d'obéissance. Et si Lui a dû apprendre l'obéissance, à plus forte raison, nous, pauvres hommes, pauvres femmes, pauvres pécheurs ! Mais l'apôtre Jean nous révèle que l'obéissance est une manifestation de l'amour. L'amour consiste à obéir. Qui n'aime pas n'obéit pas, qui aime obéit. C'est parce que le Christ aimait son Père de tout Son cœur et de toute Sa force qu'Il a obéi jusqu'au bout à ce que son Père Lui demandait.

L'obéissance est donc une marque, une preuve d'amour. Et si nous avons tant de peine à obéir, c'est tout simplement que notre amour est petit.

Oui notre amour est petit.

Obéir, dit Paul en Actes 20/22-24, obéir, c'est accepter sur son être -et sur son être tout entier- les liens du Saint Esprit. Voici, dit-il, lié par l'Esprit, j'obéis, je vais à Jérusalem ne sachant pas ce qui m'y arrivera ; seulement, de ville en ville, l'Esprit Saint m'avertit que des liens et des tribulations m'attendent. Mais je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m'était précieuse, pourvu que j'accomplisse ma course avec joie et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus, d'annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.

Voilà donc l'apôtre, dans les liens de l'Esprit, obéissant à l'ordre que Dieu lui avait donné.

On parle beaucoup du Saint Esprit de nos jours et je crois que c'est bien, parce que très longtemps, il est vrai, nous l'avons quelque peu mis de côté. Nous parlons des fruits du Saint Esprit, nous parlons des dons du Saint Esprit, mais nous parlons peu souvent du lien du Saint Esprit, et je crois qu'il est bon que nous en parlions et que nous enseignions ces choses, car les liens du Saint Esprit existent aussi, ces liens du Saint Esprit qui sont la soumission et l’obéissance. C'est dans ces liens-mêmes que l'apôtre puisait tout ce qu'il lui fallait pour l'accomplissement de la tâche que Christ lui avait confiée. Jugez-en ! Voici ses mots : Je ne fais plus aucun cas de ma vie (il parle tandis qu'il est dans les liens de l'Esprit), je ne fais plus aucun cas de ma vie comme si elle était précieuse. Il est en paix, cet homme, mais il est en paix ! Il s'est livré totalement à son Sauveur et il est en paix, et en effet, quelle paix que de nous savoir là où Dieu nous veut. Mais quelle paix ! Il est dans les liens du Saint Esprit, et dans ces mêmes liens, l'apôtre puise la force nécessaire, disant : Pourvu que j'accomplisse la course ! Dans ces liens du Saint Esprit, il puise sa force et poursuit de cette manière-là avec joie. Dans ces liens du Saint Esprit, il puise sa joie. Oui sa joie ! Cette joie indispensable au service chrétien car l'obéissance doit être une obéissance joyeuse, une soumission joyeuse sinon le Christ n'en veut pas. Oui l'apôtre puisait donc dans ces liens de l'Esprit que sont la soumission, l'obéissance et la discipline, mais notre thème n'est pas celui-là. Paul puisait dans ces liens tout ce dont il avait besoin pour accomplir la tâche. Il s'était donc fait esclave du Christ, par amour pour Christ.

Par amour pour Christ.

Eh bien chers amis, c'est ainsi que Paul, dans ses liens du Saint Esprit, avait attaché ses pas à ceux de son Maître.

L'exemple de Paul, encore, nous pousserait à désespérer et à démissionner. Je puis vous dire que, lorsque j'ai lu ces textes de l'apôtre Pierre, Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces, j'ai quelque peu tremblé, car bien sûr comment faire miennes les traces du Christ ? Et ce, jusqu'au moment où est venu à mon secours, littéralement à mon secours, le riche sens du terme "modèle" et du terme "exemple" en grec, langue du Nouveau Testament. Nous aurions pu poursuivre sur les traces que le Christ nous a laissées et continuer ainsi de désespérer davantage et j'ai moi-même désespéré et tremblé jusqu'au moment où le Seigneur est venu à mon secours à travers le riche sens des termes "modèle et exemple". Le mot modèle, le mot exemple vient du grec upogramos et ce mot était très employé dans le langage scolaire de la Grèce ancienne. L'upogramos était l'exemple, le modèle d'écriture que l'élève devait suivre et copier sur sa tablette. Les tablettes étaient généralement de cire assez molle, coulée dans des boîtes rectangulaires d'environ quatre centimètres d'épaisseur. Le modèle à suivre était donc tracé par la plume du maître sur cette cire molle, par des sillons sur toute la ligne. Après lui, l'élève laissait aller sa plume dans ce sillon jusqu'au bout de la ligne et s'il avait tendance à quitter le modèle, les rebords du sillon le gardaient dans la bonne direction jusqu'au bout de la ligne ; c'est sûrement cela qui était dans l'esprit de l'apôtre Pierre lorsqu'il parlait d'exemple, lorsqu'il parlait d'upogramos, lorsqu'il parlait de modèle à suivre. En d'autres termes, le Seigneur nous a tracé la route et nous n'avons plus qu'à nous laisser glisser dans ce sillon qu'Il a tracé pour nous, Lui qui est passé avant nous et Il nous demande tout simplement de nous y tenir. C'est pourquoi il existe dans le Psaume 84 ce verset 6 Heureux ceux qui placent en Toi leur appui. Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés. Et comme la main de l'enfant était guidée dans le sillon et, que les rebords du sillon étaient là pour garder la plume de l'élève dans la bonne direction, ainsi les rebords de la grâce de Dieu, dans ce sillon que le Christ nous a tracé, dans Ses traces qu'Il nous a laissées, les rebords de la grâce du Christ nous tiennent, nous maintiennent sur Ses traces et sur Ses sillons après Lui : c'est ainsi que l'on peut prendre Ses traces et aller de l'avant. Et ce n'est pas tout.

Un certain rheteur romain du nom de Quintilien, nous fait savoir dans son ouvrage "Éducation d'un orateur" qu'il arrivait souvent que le sillon ne fût pas suffisant pour garder la plume de l'élève sur le modèle gravé par le maître. C'est alors que le maître couvrait de sa main la main de l'élève et ils allaient ainsi plusieurs fois ensemble, jusqu'au bout du sillon, jusqu'au bout de la ligne…

Je puis vous dire que cela a été pour mon âme comme une eau fraîche venue d'En haut, une bouffée d'air frais. A la suite du Christ en prenant Ses traces, non seulement nous pouvons compter sur Sa grâce, les rebords de Sa grâce, mais nous pouvons encore compter sur Sa main, parce que notre Sauveur est vivant, Il ne nous a pas laissés et abandonnés comme cela, sur un exemple, le plus excellent entre tous, et le plus difficile et ensuite, plus de traces ! Non ! Il est vivant. Et toutes les fois où nous aurions tendance à quitter ce sillon, à quitter ces traces que Lui-même a gravées, que Lui-même nous a laissées, nous pouvons compter sur Sa main pour nous ramener sur Ses traces. Vous connaissez ces paroles d’un cantique : " Saisis ma main craintive et conduis-moi. "

Oui nous pouvons constamment cheminer avec Lui, la main dans la main, puisque nous L’avons pris pour notre compagnon de route, puisque nous L'avons voulu comme notre compagnon de voyage ; c'est alors que la tâche est plus aisée. C'est alors que nous sommes encouragés, fortifiés, que nous pouvons compter sur Lui. Ainsi pour l'élève, avoir la main de son maître sur la sienne et les rebords du sillon pour le garder sur le modèle, rendait donc la tâche plus facile et de même pour nous, ce sillon tracé par le Maître, Ses traces qu'Il nous a laissées, les bords de ce sillon, Sa grâce pour nous tenir sur la bonne route et Sa main.

Combien la tâche nous est plus facile ! Et c'est ainsi que l'on attache nos pieds à Ses pas. C'est ainsi que nos pieds sont garantis de la chute. C'est ainsi que nos pieds sont fermes dans Ses sentiers. C'est ainsi aussi que notre pied ne trébuche point.

L'apôtre Pierre dit que le chrétien est ici-bas pèlerin et voyageur. Il n'est ni vagabond, ni errant, il marche vers la Sainte cité où son Sauveur l'attend. Il a donc une destination précise, il regarde En haut. Où regardons-nous mes amis, nous qui suivons le Christ ? Il est vrai que le chrétien a bien les pieds sur terre, et la tête surtout bien entre les deux épaules, mais son cœur est au Ciel, il regarde En haut.

Ceci me remémore cette histoire qui s'est produite sur un navire. Un apprenti marin, un jeune mousse, attendait avec impatience le jour où son capitaine lui donnerait enfin l'autorisation de grimper jusqu'au sommet du mât du navire. Chaque jour il regardait grimper à ce même mât les autres marins plus expérimentés que lui. Il les regardait avec envie jusqu'au jour où, enfin, son jour arriva. Son capitaine lui ordonna : " Allez mon gars, c'est ton tour, vas-y, monte ! " Et notre gamin de partir enthousiaste vers ce mât, pour y grimper jusqu'à son faîte sans hésitation aucune, et en un rien de temps, il se retrouva là-haut. Mais il eut là-haut la malheureuse idée de regarder en bas. C'était pour lui une toute première expérience. Et en regardant en bas, que vit-il ? Il vit son bateau bouger, il vit les bateaux autour du sien bouger eux aussi, il fut pris de vertige et commença à vaciller, à la limite de la chute. Heureusement, en le voyant ainsi son capitaine lui cria d'une voix forte : " Regarde en haut ! Regarde en haut ! " Notre ami releva la tête et porta son regard vers le haut et c'est ce qui le sauva d'une catastrophe certaine.

Puissions-nous amis, entendre nous aussi, la voix de notre Capitaine nous dire : " Regarde En haut ! Regarde En haut ! " Parce que nous aussi, à regarder en bas nous sommes pris de vertige, n'est-il pas vrai ? Devant tout ce que nous avons évoqué auparavant, devant ce monde qui se prépare à recevoir l'antéchrist, oui, devant toutes ces crises qui nous secouent constamment sur un plan politique, économique ou religieux et puis, avec tous nos problèmes personnels, nos luttes, nos combats, à regarder en bas, nous sommes nous aussi comme pris de vertige, vacillants. Puissions-nous entendre le cri de notre Capitaine " Regarde En haut ! Regarde En haut ! " C'est lorsque l'on regarde En haut où Christ est assis à la droite de la Majesté divine que l'on reprend courage et que l'on repart sur Ses traces, à Sa suite, avec Lui, la main dans la main.

Oui c'est ainsi que l'on avance d'un pas sûr, d'un pas ferme, en sachant ce qu'est notre destinée, en sachant que le Seigneur vient bientôt. Oui nous chrétiens, notre cœur est rempli d'espérance, d'une espérance qui aide à marcher, d'une espérance qui aide à vivre, d'une espérance qui aide à témoigner, d'une espérance qui aide à tenir le coup, parce que notre espérance est vivante : ce n'est pas une espérance morte, elle regarde au Christ ressuscité, elle a sa source dans la résurrection du Christ, elle est dans l'attente de la plénitude de la vie en Christ et notre espérance se nourrit de la Parole vivante et permanente de Dieu. C'est une espérance vivante et parce que vivante, elle aide à la marche chrétienne. Cette espérance, dit l'apôtre, nous la possédons comme une ancre de notre âme (Hébreux 6/19) que nous avons jetée au-delà du voile, et qui déjà nous attache aux eaux du port éternel. Il faut ainsi marcher avec son ancre, d’ores et déjà dans les eaux du port éternel, attaché au Christ, pour le meilleur et pour le pire et c'est ainsi que nous attachons nos pieds à Ses pas. C'est ainsi que l'on a réellement des pieds pour Christ, Le suivant, Le servant et L'adorant.

Mes amis, tout à l'heure nous voulions démissionner, mais maintenant que nous avons appris toutes ces choses, ne vaut-il pas la peine d'aller de l'avant ? Oui ! D'y aller avec à nos pieds, par le zèle que donne l'Évangile de paix, en comptant totalement sur Son aide, sur Sa grâce, sur Sa force. Je suis toujours étonné de ce texte de l'apôtre Paul : C'est à quoi je travaille avec Sa force qui agit puissamment en moi. Faisons comme Paul, laissons-nous lier dans le Saint Esprit pour marcher sur les traces du Sauveur et ainsi L'honorer sur cette terre, Le servir et Le glorifier. Il vient bientôt, redressons nos têtes ! Ne marchons pas la tête en bas, nous risquerions de quitter le sillon, de vaciller et de nous laisser emporter par ces courants énormes que le siècle libère contre le Christ, contre Son témoignage, contre l'Église, contre nous.

Regardons à Lui, marchons, courons, dit la Bible, et marchons, les yeux sur Lui, dans la carrière qui nous est ouverte en attendant le jour où alors Il paraîtra pour nous prendre avec Lui. Ainsi, disons avec le psalmiste : Seigneur, Tu m'as pris par la main droite, Tu m'instruiras par ton conseil et un jour Tu me recevras dans la gloire. (Psaume 73/23)

Puisse-t-il en être ainsi pour chacun d'entre nous à la gloire de notre Dieu !

Amen !