Aujourd'hui l'Espoir 3: la Solitude

Série: Aujourd'hui l'Espoir

Série de 4 messages d'évangélisation apportés en Belgique, (Wasmes et Carnières) en 1992 et combien encore d'actualité aujourd'hui.

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Texte

Aujourd'hui l'Espoir (3)

La solitude

Carnières (Belgique) 1989

En parlant de solitude, nous parlons d'un grand sujet, d'un sujet très important car parmi les maux les plus difficiles dont souffre l'homme d'aujourd'hui, il y a justement celui-là, la solitude.

Pour l'introduire, lisons un texte au Psaume 31 à partir du verset 10.

Voici ce qu'a dit un certain David, dans une prière à son Dieu, une prière qui certainement se dit et se répète partout dans le monde de la part de millions d'hommes et de femmes qui connaissent une solitude épouvantable :

Aie pitié de moi, Éternel, car je suis dans la détresse. J'ai le visage, l'âme et le corps usés par le chagrin, ma vie se consume dans la douleur, et mes années dans les soupirs. Ma force est épuisée à cause de mon iniquité, et mes os dépérissent.

Puis au verset 13 :

Je suis oublié des cœurs comme un mort, je suis comme un vase brisé.

Nous écoutons à présent une parole du Christ, lequel après Sa mort, après Sa résurrection, après Son ascension, a annoncé en un texte bien connu : Voici je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. (Apocalypse 3/20)

Telle est donc la solitude, parmi les maux rencontrés les plus éprouvants, et ce, malgré ce siècle de la communication par excellence (nous n'avons jamais autant communiqué qu'aujourd'hui) et ce aussi, malgré les cinq milliards d'individus et plus que nous sommes sur notre bonne vieille terre. Cette solitude peut se vivre aujourd'hui dans de pauvres baraques, certes, mais elle se vit aussi dans de magnifiques demeures. Elle s'éprouve dans des hameaux comme dans des villes fourmillantes de monde. Imaginez que la prospective ou la futurologie annoncent que pour les années 2000, il y aura dans nos villes quelques trois milliards d'individus. La moitié de la population du monde se situera très bientôt dans les villes. Il y aura des villes qui seront des hyper métropoles, des mégas… comment peut-on les appeler, des macropoles ? des villes tout à fait énormes, de la population de la France, puisqu'on prévoit des villes qui dépasseront cinquante millions d'habitants. Billy Graham a affirmé : " Le plus grand problème auquel les hommes et les femmes ont à faire face aujourd'hui, c'est celui de la solitude. " Il y a peut-être quelqu'un ici qui comprend ce que nous sommes en train de dire lorsque nous parlons de cet immense sujet de la solitude et la dépression résulte souvent de la solitude. Que d'hommes et de femmes déprimés parce que seuls ! Là encore, peut-être quelqu'un comprend-il ce que nous voulons dire. Mais gardons à l'esprit notre thème : "Aujourd'hui l'Espoir". Je ne vais pas vous laisser aller comme cela, broyant du noir au sortir d'ici, certainement pas. Il y a une réponse tout à fait extraordinaire en Jésus-Christ.

Victor Hugo a écrit dans "La fin de Satan" : " L'enfer est tout entier dans un mot : solitude ".

Françoise Sagan, auteur du livre "Bonjour tristesse" qui a eu un certain succès, a déclaré dans une interview : " On n'en finit jamais avec le problème de la solitude et le désir d'y échapper. Quand il réfléchit, nul ne peut admettre ce terrible chemin quotidien vers la mort qu'est la solitude. "

Gabriel Marcel, philosophe existentialiste catholique a écrit pour sa part : " Il n'y a qu'une souffrance, c'est d'être seul. "

La solitude est source de grandes détresses morales, de grandes détresses spirituelles, de grandes détresses matérielles également. Cette solitude dont nous parlons peut s'éprouver à tous les âges. Il a été démontré que l'on peut souffrir de solitude déjà dans le sein maternel, au niveau de fœtus non désirés, non souhaités, qu'il est convenu d'appeler des "accidents" et que l'on tente d'évacuer par l'interruption volontaire de grossesse… Quand je pense à mon pays, je sais qu'aujourd'hui mille enfants ont été ainsi assassinés de la manière la plus légale puisqu'il y a mille avortements par jour en France. Pour qui a vu "Le cri silencieux", il a été possible de regarder ce fœtus qui semblait comprendre que l'on s'en prenait à lui pour le liquider et qui avait réagi en se rétractant. Déjà seul dans le sein maternel, tout près du cœur de sa maman, déjà seul, c'est épouvantable !

Et puis il y a également le nourrisson d’entre un et huit mois qui se sent abandonné, rejeté. Avec mon épouse, nous en avons vu passer des dizaines chez nous puisque depuis des années, nous sommes un foyer d'accueil destiné à dépanner des mamans ou à recevoir des enfants non désirés : nous voulions plusieurs enfants, ce qui n'a pas pu se faire, mon épouse ayant été opérée après notre deuxième fille, et afin de prendre une revanche sur cette opération, nous avons donc reçu chez nous des enfants sans affection qui arrivaient à l'âge de trois mois, comme Sylvie qui est aujourd'hui notre secrétaire à plein temps au secrétariat de l'évangélisation à Paris. Sylvie est arrivée à trois mois, n'était pas aimée du tout (nourrisson qui a besoin d'affection et qui est rejeté), et Sylvie est aujourd'hui chrétienne, engagée, et aime le Seigneur.

Tous ces petits qui ne supportaient pas cette privation brutale de la présence maternelle arrivaient chez nous sans savoir rire, ni jouer, ni sourire. Ce n'est pas du tout normal chez un enfant. Nous en avons vu passer plusieurs comme cela. Mais à force d'affection, ces enfants ont été littéralement métamorphosés parce que l'amour est ce qui répond à la solitude, au froid de la solitude que l'enfant peut ressentir.

Il y a aussi ces enfants qui sont un peu plus âgés, les dix, treize, quatorze ans qui disent ce que nous entendons couramment : " Je m'ennuie, je ne sais pas quoi faire, je suis triste. " C'est affolant à cet âge ! Avec, la plupart du temps, perte d'appétit, perte du sommeil, anorexie mentale décelée très souvent chez les enfants du divorce. Je ne voudrais pas réveiller ici ou chez les orphelins peut-être des souvenirs difficiles.

Mais savez-vous que Jésus a parlé du problème des enfants de cet âge ? En Matthieu 18/6 : Si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu'on suspendît à son cou une meule de moulin et qu'on le jetât au fond de la mer. Le Christ a pris la défense de ces êtres innocents qui déjà souffrent de solitude.

Puis il y a les jeunes. En 1986, trois jeunes sur dix en France habitaient encore la demeure paternelle. Les jeunes quittent de plus en plus vite la cellule familiale pour toutes sortes de raisons, pour leurs études parfois ou encore pour des raisons professionnelles, ou par esprit d'indépendance comme le fils prodigue. Dans "Le Misanthrope", Molière écrit : " La solitude effraie une âme de vingt ans. " Me trouvant au Québec pour l'évangélisation, j'ai pu apprendre qu'une jeune fille secrétaire à Toronto s'est suicidée après avoir vidé son cœur. Après s'être confiée entièrement à son ordinateur de bureau parce qu'elle n'avait plus "personne" d’autre à qui se confier et une fois son cœur vidé, elle a mis fin à ses jours et lorsque l’on est entré dans son bureau, on l'a trouvée sans vie. On a alors interrogé son ordinateur qui avait reçu toutes ses confidences en même temps que ses dernières volontés.

Ce n'est pas possible dans ce siècle de la communication de n'avoir plus personne à qui pouvoir dire sa détresse ! Il y a peut-être ici quelqu'un qui souffre dans ce sens et qui n'en peut plus de porter ce qu'il porte.

Aujourd'hui l'Espoir ! Avec Jésus-Christ, tel est notre thème. Toujours à propos des jeunes qui souffrent de solitude, l’hebdomadaire "Le Point" rapportait que dans un restaurant universitaire de Lyon, un étudiant étranger cherchant le contact, s'était hasardé à dire bonjour à un étudiant français, lequel lui a répondu : " Mais pourquoi me dis-tu bonjour ? Je ne t'ai rien fait ! "

On souffre aussi de solitude quand on est adulte, là encore pour plusieurs raisons. On souffre de solitude pour raison professionnelle, c'est fou ce que les Parisiens bougent ! Mon épouse et moi-même avons énormément déménagé. Pour mille et une raisons, il est inhérent à la vie moderne que nous connaissons de bouger. Il y a aussi le fait que nous pourrions être étrangers, immigrés, réfugiés. La Bible parle de toutes ces situations dans le livre du Lévitique au chapitre 19 au verset 33, et justement de l'immigré. En ce moment en France, le problème de l'immigration est un problème très aigu que nous vivons tous les jours sans pouvoir le résoudre. Mais voilà ce que demande Dieu à propos de l'étranger dans nos portes : Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l'opprimerez point. Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous ; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte.

Pour nous chrétiens, nous n'avons pas toujours compris que, tous ces étrangers dans nos portes, où que ce soit, le Seigneur les a Lui-même envoyés pour qu'ils puissent entendre l'Évangile : ce phénomène de l'immigration résulte principalement de ces temps de colonisation connus dans ces pays d'où ils nous viennent : une sorte de boomerang, en somme, et comme, rendus là-bas, nous ne les avons pas évangélisés, le Seigneur permet qu'ils viennent vers nous pour entendre le plus beau des messages.

On peut aussi souffrir de solitude quand on est adulte, souvent en raison de maladie. Dans la souffrance, on est souvent seul parce qu'incompris. Mais on peut être aussi seul parce que divorcé. Au Québec, j'ai pu observer qu’un mariage sur deux ne tient pas et se termine par un divorce, tandis qu'en France, nous en sommes à un mariage sur trois ou sur quatre. A Paris, cinquante pour cent des Parisiens sont des solitaires et pour la plupart d'entre eux, parce que divorcés. Quelle souffrance ! quelles difficultés !

Et puis il y a aussi ces personnes âgées. En France, nous en avons sept millions cinq cent mille, dont soixante quinze pour cent disent connaître une solitude épouvantable. Il faut dire que le mode de vie aujourd'hui tend à séparer les générations de façon brutale et cruelle parce que l'éducation souvent ne se fait plus en famille : au collège, au lycée, à l'université ou encore par la télévision ou tout simplement au-dehors, au contact des personnes extérieures, au bistrot, au sein de bandes qui sèment la panique dans certains quartiers des grandes villes. L'éducation ne se reçoit plus à la maison. J'ai là justement un article trouvé en Suisse à propos de ces générations récentes, de ce qu'elles pensent des parents et de la façon dont les choses évoluent couramment à leur niveau :

A six ans, les enfants disent : Papa sait tout.

A dix ans : Notre papa sait beaucoup de choses.

A quinze ans : Nous en savons autant que papa.

A vingt ans : Décidément, papa ne sait plus grand-chose !

A trente ans : Nous pourrions tout de même demander l'avis du père.

A quarante ans : Père sait quand même quelque chose.

A cinquante ans : Père sait tout.

A soixante ans : Ah si nous pouvions encore demander l'avis du père !

C'est très souvent ainsi que les choses évoluent.

A propos de la mère :

A l'âge des perce-neige : Maman c'est maman.

A l'âge des lilas : Il faut en parler à maman.

A l'âge des roses : Elle a l'air d'une grande sœur, maman.

A l'âge des chrysanthèmes : Il n'y avait qu'elle pour savoir tout cela.

A l'âge des roses de Noël : Comme elle était jolie et bonne, maman !

Comme il est regrettable que nous en arrivions à cet éclatement des familles ! Je dirais que c'est sous les coups de boutoir d'un ennemi épouvantable, celui que la Bible appelle Satan que justement cet éclatement s'est hélas opéré. Autrefois auréolé de prestige, de savoir et d'expérience, le vieillard était respecté, il était celui qui savait. Aujourd'hui, il est celui qui ne sait plus, qui ne sait rien, juste bon à mettre au rancart. Aujourd'hui, le vieillard est devenu un marginal, il n'a plus sa place dans la société, dans un monde qui insiste sur le travail, sur la productivité, sur la rentabilité, sur la technicité, sur le gain. Que voulez-vous que nous fassions des personnes âgées, lesquelles souffrent d'une solitude épouvantable ? Autrefois on mourait en famille. Les parents, les enfants vivaient ensemble la mort des plus âgés. On accompagnait le mourant de soins, de tendresse, d'affection. Aujourd'hui le vieillard meurt seul.

Voilà donc où nous en sommes et comment comprendre que nous en soyons arrivés là ? Imaginez que c'est dans les grandes villes que se vivent les plus grande solitudes. Dans un article, Michel Rocard observe ceci : " Il y a un grand problème des villes aujourd'hui. Ceux qui y résident sont devenus étrangers les uns aux autres. La convivialité de jadis a laissé la place à l'indifférence quand ce n'est pas à la méfiance. On ne se parle plus. "

A propos de ne plus se parler, un autre article que j'ai trouvé amusant en même temps que terrible : " La vie bizarre dans les immeubles modernes à Paris : les voisins du dessous entendent tout ce que font les gens qui habitent au-dessus, lesquels savent tout ce qui se passe chez leurs voisins de palier. Quant à ceux du premier, ils vivent pratiquement avec la concierge mais personne ne parle à personne. "

Je ne sais si vous connaissez ce genre de situation pénible, mais à Paris, avec mon épouse, nous avons vécu des années sans connaître notre voisin de palier, lequel ne cherchait pas du tout le contact.

Alors que faire ? Bien sûr, l'homme recherche toutes sortes d'expédients pour tenter de remédier à tout cela. J'ai une histoire assez "amusante", rapportée par le journal "Le Figaro" sous le titre "Crever de solitude" : quand je me sens seul, je me regarde dans le miroir alors on est deux. Ensuite je bois un bon coup, alors on est quatre. Mais le lendemain quand je me réveille de mon ivrognerie, je suis encore tout seul. "

On peut en effet essayer de trouver mille et une façons de se tirer d'affaire, mais elles ne marchent pas.

Jacques Brel a écrit sur la solitude une chanson formidable :

On est deux en amour et l'amour chante et rit.

Mais à la mort du jour, dans les draps de l'ennui.

On se retrouve seul.

On est dix à défendre les vivants par des morts,

Mais cloués par leurs cendres au poteau du remords,

On se retrouve seul.

Quand on est cent qui dansons au bal des bons copains,

Mais au dernier lampion, mais au premier chagrin,

On se retrouve seul.

On est mille contre mille, on se croit les plus forts,

Mais à l'heure imbécile où ça fait deux mille morts,

On se retrouve seul.

On est des millions à rire du million qui est en face,

Mais deux millions de rires n'empêchent que dans la glace,

On se retrouve seul.

On est mille à s'asseoir au sommet de la fortune,

Mais dans la peur de voir tout fondre sous la lune,

On se retrouve seul.

On est cent que la gloire invite sans raison,

Mais quand meurt le hasard, quand finit la chanson,

On se retrouve seul.

Quand on est dix à coucher dans le lit de la puissance,

Mais devant ces armées qui s'enterrent en silence,

On se retrouve seul.

On est deux à vieillir contre le temps qui cogne,

Mais lorsqu'on voit venir en riant la charogne,

On se retrouve seul.

On aurait tellement aimé crier à Jacques Brel qu'il y a réellement un espoir, un espoir en Jésus-Christ qui a affirmé : Voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend Sa voix et ouvre la porte de sa vie, Christ entrera chez lui et soupera avec lui.

Oui, c'est à n'y rien comprendre : c'est dans des grandes villes grouillantes de monde que les solitudes les plus cruelles sont rencontrées. Voyez-vous, la foule n'est pas forcément une solitude. Mais précisons les choses, il y a plusieurs sortes de solitudes, il y a cette solitude physique à laquelle nous aspirons souvent pour souffler un peu. Cette solitude-là est synonyme de tranquillité, de calme et de repos. Nous ne parlons pas de ce genre de solitude mais quand cette solitude est mal employée, elle peut dégénérer en ennui et c'est fou ce que l'homme d'aujourd'hui peut s'ennuyer.

Je lisais dans un magazine que précisément nous vivons plus que jamais le siècle de l'ennui. C'est tellement vrai en France que le gouvernement a créé le Ministère du Temps libre afin de pouvoir aider les Français dans leur temps de loisir. Ils s'ennuient, alors ils partent aux Baléares où ils s'ennuient, ils partent à la Martinique ou en Guadeloupe (ce sont des îles que je connais très bien, que de monde à la Martinique !) où sitôt arrivés, ils s'ennuient...

Le terrible problème de l'ennui ! Il y a peut-être ici quelqu'un qui ne sait pas comment employer son temps : s'il est dans l'Église, qu'il s'adresse au responsable, car il y a pas mal de choses à faire dans une Église !

Si vous n'étiez pas chrétien de cœur, tout pourrait vraiment changer si vous invitiez le Christ à entrer chez vous.

Il y a cet ennui qui peut dégénérer aussi en lassitude et nous faire verser dans toutes sortes de choses dangereuses. Je prends par exemple les jeux de hasard, les jeux d'argent. Un article du "Nouvel Observateur" nous faisait savoir qu'en France, nous jouons au tiercé, au loto sportif, à tous les jeux de hasard, et savez-vous pour quelle somme ? Nous jouons actuellement en France pour sept mille milliards de centimes. Et pour traduire ce chiffre en francs belges, ce sont des sommes absolument époustouflantes, à ne pas en croire nos oreilles ! Cela parce que nous nous ennuyons, parce que nous ne supportons pas une solitude physique à laquelle nous sommes souvent contraints pour mille et une choses. Très souvent, elle verse dans la délinquance et elle recherche la drogue.

La solitude physique est une première solitude, une première façon d'être seul mais la plus difficile à supporter, c'est la solitude intérieure. Françoise Sagan l'a formulé ainsi : " La solitude est une affaire du dedans, ce n'est pas une question de présence autour de nous, c'est une question de vide intérieur ", parce que la solitude intérieure est assimilée au vide intérieur. Nous pourrions en parler comme d'une solitude morale, existentielle. Je me trouvais dernièrement devant un parterre d'intellectuels africains au Quartier Latin (je tiens deux fois par an un dîner conférence avec des intellectuels africains) et je parlais de cette solitude existentielle en même temps que de cette angoisse de vivre et de mourir : la solitude du cœur de l'homme est justement un vide épouvantable et tout à l'heure nous l'avons entendu : un auteur anglais, s'inspirant d'une pensée de Pascal, a écrit qu’il y a dans le cœur de l'homme un vide qui a la forme de Dieu ; c'est à propos de solitude intérieure que Françoise Sagan a souligné aussi que personne ne peut admettre, quand il réfléchit, ce terrible chemin quotidien vers la mort.

La Bible parle de cette solitude intérieure et de ce vide comme d'une mort intérieure. Dans ces textes rappelés précédemment au Psaume 31/13, le Psalmiste exprime : Je suis oublié des cœurs, comme mort. Oui, la solitude est une mort intérieure épouvantable !

Me rendant dans l'Est de la France, j'ai appris qu'un jeune homme de dix-sept ans avait mis fin à ses jours après avoir laissé ces quelques mots sur la table de son studio : " Plus personne ne m'aime, la vie n'a plus aucune saveur pour moi alors j'en termine avec elle. " Qu'il est dommage à dix-sept ans d'avoir déjà perdu tout appétit de vivre, tout goût de vivre. A quelles situations se confronte très souvent l'homme aujourd'hui, ne sachant plus comment résoudre ses immenses problèmes et en particulier celui de sa solitude !…

A l’époque où j'implantais des Églises dans la région parisienne, je ne voyageais pas encore comme aujourd'hui, un jeune homme m'a raconté : " Quand j'ai fini mon travail et que je me retrouve seul dans ma chambre tous les soirs devant mon camembert et mon verre de vin, j'ai comme une envie de me taper la tête contre les murs. " Heureusement, ce jeune s'est ensuite tourné vers Christ pour régler de manière définitive la question de sa solitude intérieure, que Paris n'avait pas du tout réglée !

J’ignore si vous le saviez, mais à Paris, à six heures du matin, quinze mille coqs se font entendre. Il y a encore des coqs à Paris et dans la région parisienne...

Un article de Sélection du Reader's Digest donne des chiffres concernant Paris, impensables au niveau de ses dix millions cinq cent mille habitants : pour leur petit déjeuner, les Parisiens et les Parisiennes vont avaler plus de soixante dix tonnes de café, une tonne de thé, vingt-cinq tonnes de cacao… Cinq cent cinquante mille litres de lait y sont "descendus" chaque matin, trois millions de baguettes de pain quotidien et deux millions cinq cent mille croissants. Il y a du monde à Paris !

L'heure de partir pour le travail arrive bientôt et plusieurs milliers de pots de fond de teint et de flacons d’après-rasage sont rapidement épuisés. Plus d’un million sept cent mille femmes et deux millions sept cent mille hommes descendent les escaliers de leur immeuble, saluent l'une des quatre-vingt mille concierges de la capitale et prennent seulement, parmi les trois millions de lettres distribuées, celles qui leur reviennent. Cela vous dit quelque chose ? On est seul à Paris ?

Avant de rejoindre leur lieu de travail, les Parisiens achètent près de deux millions cinq cent mille exemplaires de quotidiens qu'ils règlent en puisant dans les vingt-sept francs qu'ils ont en moyenne dans leur poche ou dans leur sac, soit cent dix millions de francs qui se promènent chaque jour dans les rues de Paris.

Dans une seule gare comme la gare de Lyon peuvent passer un million cinq cent mille passagers mais on est seul, affreusement seul et je vous fais grâce du reste.

Dieu a-t-Il voulu que nous vivions seuls sur cette terre ? Certainement pas puisqu’après avoir créé l'homme en Adam, Il a déclaré : Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je vais lui donner une aide semblable à lui, de sorte qu'Il a d’emblée donné à l'homme une dimension spirituelle dans un sens vertical avec Lui. A l'origine, l'homme ne devait jamais se séparer de Dieu mais il devait avoir son Créateur pour compagnon de route et pour tous les jours de sa vie. Ensuite, Dieu a conféré à l'homme une dimension conjugale en lui attribuant une épouse en la personne d'Ève. Enfin Il a accordé à l'homme une dimension familiale. L'homme, qui est la plus extraordinaire créature de Dieu parce que la seule faite à Son image, a donc pu se reproduire de façon miraculeuse, Dieu l'ayant voulu ainsi pour pouvoir créer la société. Dieu ayant conçu pour l'homme une dimension sociale dont Il a parlé dans les dix commandements. Il a donc créé le couple, la famille, la société car Il n'a pas voulu que l'homme soit seul.

Alors pourquoi autant de solitude ?

Pourquoi de tels problèmes et une telle solitude ? La Bible l'explique : pour commencer, toutes nos souffrances, toutes nos crises et tous nos problèmes ont leur origine dans notre séparation d'avec Dieu. Tant que l'homme vit séparé de Dieu, il n'arrivera jamais à régler ses problèmes de solitude et encore moins tous ses autres problèmes. Comment réellement en sortir ?

Permettez que je vous parle d'un homme qui sait ce que signifie être seul.

Cet homme appelé Jésus a été seul en face de Ses parents parce qu'incompris, en face de Ses parents qui, ne comprenant pas la mission que Son Père lui avait confiée, ont même dit de Lui : Il est hors de sens. Quand je parle de Son Père, je parle de Son Père des Cieux.

Ce même Jésus a été seul en présence de Ses frères qui Lui avaient été hostiles pendant quelque temps.

Il a été seul aussi au milieu des Siens, au milieu de Ses contemporains, au milieu des Juifs qui n'avaient rien compris à Sa venue sur cette terre ni à Son message. Ce même homme a été seul parce qu'abandonné de Ses disciples au jour de Son arrestation.

Oui le Christ a été encore seul au jour de Son procès en présence du souverain sacrificateur Caïphe.

Il a été seul au jour de Son procès en présence de Pilate, un procès expéditif.

Il a été seul en face du roi Hérode qui s'était un peu joué de Lui.

Il a été seul, encore seul, souvent seul et pourtant, ce Jésus-là, qui est la réponse même, a déclaré à Ses disciples, en leur annonçant qu'ils allaient L'abandonner et Le laisser seul (Jean 16/32) : Je ne suis pas seul parce que le Père est avec moi.

Voilà donc la réponse telle que Christ nous la fait connaître dans l'Évangile. Ce soir dans ce lieu, Il nous a fait entendre cette réponse : Je ne suis pas seul parce que le Père est avec moi. Et quelle présence pour le Christ que celle de Son Dieu, de Son Père céleste dans toutes ces circonstances qu'Il a dû traverser, la plupart du temps difficiles, hostiles…

Le Christ a pleuré, le Christ a eu faim, le Christ a été fatigué. Nous n'arrivons pas à comprendre ces choses, moi je ne puis vous les expliquer : comment Celui qui est la source d'énergie a-t-Il été fatigué ? Comment Celui qui a créé toutes choses pour que nous en jouissions en abondance, comment a-t-Il pu avoir faim, comment a-t-Il pu avoir soif, Lui qui a parlé d'eau vive à la femme samaritaine ? La Bible affirme qu'Il s'est volontairement enfermé dans ces limitations qui sont couramment les nôtres, de sorte que nous avons un Sauveur qui sait de quoi nous sommes faits, qui sait de quoi nous pouvons souffrir. Il a été rendu semblable à nous en toutes choses hormis le péché. Lui n'a jamais péché… Mais s'Il n'a jamais péché, la Bible nous apprend qu'Il a été fait péché pour nous afin qu'en Lui nous devenions justice de Dieu et tant que cette présence de Son Père était avec Lui, Jésus disait : Je ne suis pas seul car le Père est avec moi. Et savez-vous que jusque dans Ses derniers discours, alors qu'Il savait ce qui était là devant Lui, ce qui l'attendait, Il savait qu'on allait venir se saisir de Lui pour Le crucifier, Il a parlé d'amour ! De quoi auriez-vous parlé, ami, si par exemple, vous vous étiez trouvé à Sa place, sachant qu'on allait se saisir de vous pour vous juger rapidement et pour vous expédier à la Croix, si on vous avait demandé vos dernières volontés : qu'auriez-vous dit ? Auriez-vous parlé comme Lui de paix, d'amour, de joie ? C'est quelques heures avant Son arrestation, Sa crucifixion que le Seigneur a parlé de ces grandes questions de l'amour, de la paix, de la joie, parce que la présence de Son Père était avec Lui. Mais dans une circonstance précise, le Christ fut alors vraiment seul. Il fut vraiment seul sur la Croix, abandonné de tous, abandonné du Père parce qu'Il portait vos péchés, parce qu'Il portait mes péchés pour les expier à notre place par amour pour nous alors que personne ne L'y avait obligé. Et sur la Croix, tandis qu'Il était là, tout couvert de sueur, de poussière et de sang, subissant les moqueries du plus grand nombre, le Christ a poussé ce cri que vous connaissez, ce cri de solitude : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

A la question : " C'est quoi la solitude ? ", je réponds qu’elle consiste dans un abandon, un abandon de Dieu, et reprenant ce message cet après-midi afin de pouvoir le prêcher et réfléchissant à cet abandon de Christ sur la Croix, laissé seul, j'en avais été ému et je me suis adressé au Seigneur : " C'est pour moi que Tu as accepté d'être seul sur la Croix. " Et Il a été seul comme jamais personne n'a été seul au fond de lui-même.

Que signifie l'abandon de Dieu ? La Bible est claire : c'est l'enfer. A la question : qu'est-ce que l'enfer ? je réponds que l’enfer est l'abandon de Dieu. Christ a souffert l'enfer sur la Croix. La Bible indique qu'Il a porté non seulement nos péchés (ces péchés que nous ne pouvions pas expier ou régler nous-mêmes, le Christ les a portés à notre place sur la Croix) mais Il a porté ces péchés, les vôtres comme les miens, comme si nos péchés avaient été les Siens.

Ne me demandez pas de vous expliquer cela davantage, je sais que c'est vrai, le Christ l'a dit, la Parole de Dieu le dit, c'est la Vérité et parce qu'Il a porté nos péchés comme s'Ils avaient été les Siens, Il a du même coup porté l'enfer qui résulte du péché. La Bible affirme : Le salaire du péché c'est l'enfer, c'est la mort éternelle. C'est l'abandon de Dieu.

Sur la Croix le Christ a crié : Père, Père, pourquoi m'as-tu abandonné ? Lui n'avait aucune expérience de l'abandon de Dieu. Il avait toujours vécu dans une intimité extraordinaire avec le Père, avec le Saint Esprit. La Trinité elle-même nous dit que Dieu n'est pas seul. La Trinité explique en fait que Dieu est amour et l'amour explique aussi la Trinité. La Bible confirme que le Père aime le Fils, c'est Jésus qui l'a dit : J'aime le Père. Cette relation d'amour qu'il y a entre ces trois Personnes de la Trinité qui ne sont qu'un seul Dieu. Ne me demandez pas de vous expliquer cela, j'ai un tout petit cerveau mais nous nous plairons un jour à poser ces questions à notre Dieu quand nous serons avec Lui dans Son ciel de gloire. La Bible dit que le Père chérit l'esprit de Dieu qu'Il a fait habiter en nous lorsque nous sommes chrétiens. Il y a une relation d'amour qui existe entre ces trois Personnes de la Trinité qui ne forment qu'un seul Dieu. Et voilà le Fils séparé du Père à cause de vous, à cause de moi, à cause de nos péchés. Mais quel amour ! Parce qu'Il nous aimait d'un amour que nous ne pouvons pas comprendre, que nous ne pouvons pas soupçonner, c'est la privation du Dieu qui est l'amour dans Sa Personne, la joie dans Sa Personne, la paix dans Sa Personne, c'est la privation de ce Dieu qui est par conséquent synonyme de solitude en même temps que d'enfer.

La Bible nous fait savoir que le Christ a été seul sur la Croix pour que nous ne soyons plus seuls nous-mêmes. Quel message ! Le Seigneur a véritablement pensé à nous en disant aux Siens : voici, Je suis tous les jours avec vous jusqu'au bout de la route.

Je vous le demande : faites-vous la route de la vie avec le Seigneur tous les jours ou bien êtes-vous tout seul ? A qui adressez-vous vos premières paroles sitôt vos yeux ouverts le matin ? A qui adressez-vous vos dernières paroles le soir avant de vous laisser bercer dans les bras du Seigneur ? Voici Je suis tous les jours avec vous jusqu'au bout de la route.

Aux cœurs qui sont seuls ce soir, qui souffrent et ne peuvent plus continuer de porter ce qu'ils portent, ce même Jésus vous encourage avec ces mots : Voici je me tiens à la porte… si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui. Quand nous recevons le Christ chez nous, notre solitude, comblée par Sa présence extraordinaire, trouve enfin une issue. Une fois le Christ en nous, alors nous nous portons vers les autres, nous nous portons vers ceux qui sont seuls pour leur dire qu'il y a une réponse.

Permettez que je vous lise le témoignage d'une personne qui, à Bruxelles, s'est donnée au Seigneur, a ensuite écrit son témoignage et me l'a adressé à Paris :

Témoignage de Liliane, mère de cinq enfants, le 4 décembre 1988



J'ai demandé la santé pour faire de grandes choses,

Lui m'a donné l'infirmité pour que je fasse des choses meilleures.

J'ai demandé la richesse pour pouvoir être heureuse,

Lui m'a donné la pauvreté pour que je puisse être vraiment libre.

J'ai demandé le succès en comptant sur l'appréciation des hommes,

Lui m'a donné la faiblesse pour que j'éprouve le besoin de Dieu.

J'ai demandé une compagnie pour ne pas vivre seule,

Lui m'a donné un cœur pour que je puisse aimer tout le monde.

J'ai demandé toute chose qui pourrait réjouir ma vie,

Lui m'a donné la vie pour que je puisse me réjouir de toute chose.

Ainsi, je n'ai rien eu de ce que j'avais demandé,

Mais tout ce que j'avais profondément espéré.

Je suis parmi tous mes frères et sœurs richement comblée.

Richement comblés. Le Seigneur voudrait vous visiter ce soir pour pardonner vos péchés, pour vous accorder une autre vie avec Lui. Pour vous donner d'entrer dans une nouvelle dimension d'existence.

Il vous demande simplement la permission d'entrer chez vous pour faire de vous une nouvelle créature.

La Bible affirme : si quelqu'un rencontre le Christ, c'est un homme neuf, une femme nouvelle, un jeune homme nouveau, une jeune fille nouvelle. Alors qu'allez-vous faire ce soir ? Comme Liliane de Bruxelles, Lui ouvrir votre cœur pour que Sa présence vous comble au-dedans ? La solitude est une affaire du dedans et pour qu'enfin vous puissiez avoir réellement cette compagnie, la meilleure d’entre toutes, celle du Seigneur, tous les jours de votre vie afin de souper avec Lui. Noël est tout près. Pour vivre un réel Noël, un vrai Noël : Christ en vous, l'espérance de la gloire.

Je vous invite maintenant à venir au Christ. Je vous demande de Lui ouvrir votre cœur. Je vous demande de Le prendre pour votre Sauveur personnel, vous pourrez ensuite tout Lui dire ce soir, chez vous. Lui raconter toute votre vie, qu'Il connaît déjà, et vous commencez avec Lui une amitié qui se poursuivra jusque dans l'éternité du Ciel. C'est la promesse du Seigneur. Venez à Christ maintenant tel que vous êtes, venez avec vos péchés, avec vos fardeaux, avec vos souffrances, avec vos larmes, mais venez donc maintenant et ouvrez-vous à Lui. Branchez-vous sur Lui parce que Lui est l'essentiel. Sans Lui c'est le vide existentiel.

Je vous demande de venir au Christ maintenant mais vous n'avez peut-être pas les mots, alors pour vous aider, je vais les dire dans une prière, vous allez les reprendre après moi, silencieusement, dans votre cœur, phrase après phrase.

Prière :

Seigneur Jésus, ce message était pour moi ce soir, parce que je suis seul. Seul dans ma vie, seul dans mon cœur. Seigneur merci parce que ce soir, j'ai compris que je suis là pour une rencontre avec Toi. Pour une rencontre personnelle parce que Tu m'aimes et Tu ne veux pas que je continue une route qui ne vaut pas la peine d'être poursuivie. Seigneur je viens à Toi puisque Tu m'appelles à Toi ce soir. Tu dis dans l'Évangile : Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos. Seigneur je viens. Je viens avec tout ce qui charge ma vie, mon cœur, mon passé, mon âme, ma conscience, Seigneur je viens et je dépose tout à Tes pieds. Seigneur je Te remercie de m'avoir donné Ta vie, je veux ce soir mettre ma confiance entière dans Ton sacrifice pour mes péchés. Seigneur accueille-moi maintenant. Serre-moi fort sur Ton cœur parce que je Te fais confiance. Seigneur sauve-moi et remplis ma vie de Ta vie, de Ta présence. Seigneur j'accepte que Tu entres chez moi. J'ai entendu que Tu frappes ce soir à la porte de mon cœur, Seigneur c'est oui, entre chez moi. Sois mon Sauveur personnel. Sauve-moi.